Chronique de mon voyage en Côte d'Ivoire : 3è partie

Dans cette troisième partie de mon récit de voyage en Côte d'Ivoire, je vais parler des choses qui m'ont le plus marqué. Je vais en parler pêle-mêle.

Pour celui qui a parcouru Abidjan avant le changement de régime, la première chose qu'il remarque dès ses premiers jours à Abidjan, c'est l'amélioration sensible de l’état des routes. Plusieurs voies ont été réhabilitées et de nouvelles ouvertes dans presque tous les quartiers. J'en ai vu à Cocody, à Abobo, à Yopougon.

J'ai été aussi au village ; le tronçon Akoupé /Agniblékoro de la route nationale qui va d'Abidjan à Bouna a perdu tout son bitume ; c'est un véritable cauchemar pour les usagers. Quand à mon village, il est presque enclavé, la piste qui le liait au chef de lieu de la sous-préfecture est complètement impraticable. Les véhicules de transport commun déposent les passagers à plus de cinq km, là où la route est encore praticable.

Pour la première fois depuis bien longtemps, on aperçoit plusieurs grues qui s'élancent dans le ciel d'Abidjan comme pour dire aux Ivoiriens que le temps du réveil est arrivé et qu'il faille se tourner vers l'avenir. Oui j'ai vu des grues sur le chantier du pont Henry Konan Bedié, sur la rue du commerce au Plateau et à d'autres endroits. Cela ressemble à un retour de l'immobilier commercial et est vraiment encourageant.

J'ai passé de longs moments dans les interminables embouteillages dans les rues d'Abidjan. Ils résultent plus du mauvais comportements des conducteurs que du nombre de véhicules. J'ai observé à plusieurs reprises des conducteurs utiliser toutes les voies qui leur étaient accessibles : trottoirs, voies cyclistes et piétons, voies inverses. Les feux tricolores, lorsqu'ils existent et sont fonctionnels ne sont pas respectés en plusieurs endroits, parfois sous le regard passif et indolent de policiers en charge de la circulation.

J'ai été confronté au problème de monnaie : les commerçants n'en ont presque jamais y compris les grands magasins comme Sococé aux Deux-Plateaux ; le plus étonnant, ce sont les banques. J'ai fait plusieurs fois des retraits à la SGBI où j'ai mon compte ; et toujours la même chanson : il n'y a pas de petites coupures (500f, 1000F) . Je ne suis pas financier et je souhaiterais que quelqu'un puisse m'expliquer et me convaincre que la BCEAO est incapable de fournir les billets et pièces dont le marché a besoin.

J'ai constaté le retour des trottoirs sales et les égouts nauséabonds après le travail herculéen qui avait permis de rendre la ville propre en 2011. La réalité est que tant que les populations auront l'habitude de tout jeter dans la rue, la ville sera sale. Un peu d'effort pour faire de l'éducation sur l'hygiène publique ne serait pas de trop.

Il ya encore des choses que j'ai pu relever, mais je m'arrête sur ces lignes qui constituent ma conclusion sur ce qu'est la Côte d'Ivoire d'aujourd'hui qui essaie tant bien que mal de se réveiller de son agonie de plus de 10 ans. Pour celui qui a connu la Côte d'Ivoire avant le changement de régime, il est abasourdi par le travail effectué au niveau des infrastructures en moins de trois ans. Pour celui qui y arrive pour la première fois, il trouve tout simplement que tout est à faire car ce qui est fait est tellement insignifiant au regard de ce dont le pays a besoin pour être émergeant.

Chronique de mon voyage en Côte d'Ivoire : 2è partie

Dans cette deuxième partie de mon récit de mon voyage en Côte d'Ivoire, je parlerai de la question des contrôles sur nos routes et l'aéroport. Dans la première partie, j'avais abordé le problème de la discipline ou « de l'indiscipline»  de nos compatriotes.

J'étais à Abidjan quelques mois après le changement de régime. Quelle ne fut ma joie de trouver des policiers courtois et accueillants à l'aéroport et l'absence des milliers de « postes de contrôle » à Abidjan et sur la route quand je me suis rendu au village. Je suis reparti en Côte d'Ivoire quatorze mois après ce premier voyage. Que de changements ! J'ai retrouvé ce que j’avais crû être de mauvais souvenirs. Comme les mauvaises habitudes ont la vie dure.

Que s'est-il passé en si peu de temps ? A Abidjan, les contrôles intempestifs ont repris – Dieu merci ils n'ont pas atteint le niveau auquel nous avait habitué le régime précédent -, mais tout de même, les forces censées assurer la sécurité des personnes et de leurs biens sont plus préoccupées par leur complément de salaire que par tout autre chose. L'illustration de cette tragédie, car c'en est une, est faite à travers ce qui se passe sur la trouve d'Abidjan vers Bondoukou. Lors de mon voyage juste après le changement de régime, j'y avais compté juste 3 points de contrôle et c'était uniquement les contrôles qui s'y opéraient à la grande joie des citoyens. Lors de mon dernier voyage, j'en ai compté environ Quinze (je dis bien 15) et aucun contrôle ne s'y effectue. J'ai voyagé dans un véhicule de transport public. A chaque arrêt, l'apprenti va au poste et revient quelques instants après. Lorsque je lui ai posé la question de savoir ce qu'il allait faire, il m'a répondu qu'il y allait pour déposer une somme de 1000 fcfa. A vous de compter la charge additionnelle pour ces opérateurs économiques.

Il y a de nouveaux acteurs qui sont venus s'ajouter à ceux que l'on connaissait déjà. A l'aéroport, il ya un poste appelé « poste de contrôle sanitaire » dont la mission est de vérifier si le voyageur est vacciné ou non. Ce qui est marrant, c'est que la personne qui ne peut présenter son carnet de vaccination peut s'acquitter simplement des frais de vaccination sans se faire vacciner. Alors est-ce un problème de santé publique ou de pénalisation ? Le deuxième nouvel agent, ce sont les soit-disant syndicats. Ils ont érigé des postes usuellement aux entrées et sorties des villes pour racketter les transporteurs. Cette corporation fonctionne comme une vrai mafia avec des individus qui se sont érigés en chefs de syndicat et obligent les chauffeurs à leur verser des frais.

La Côte d'Ivoire : deux pas en avant, un pas en arrière. Comme le mouvement est lent. Hâtons-nous parce que la route est longue pour sortir les jeunes du chômage, diminuer la pauvreté et donner une espérance au peuple. Il appartient à chacun de nous de regarder notre comportement plutôt que de passer tout notre temps à s'accuser les uns les autres.

CHRONIQUES D'UN VOYAGE EN COTE D'IVOIRE

Je viens de passer quelques semaines en Côte d'Ivoire. J'ai été choqué par certaines pratiques. J'ai vraiment du mal comprendre comment des citoyens peuvent se comporter de manière aussi irréfléchie. J'ai observé à plusieurs reprises des automobilistes emprunter le sens inverse de la circulation ou la voie piéton pour contourner un embouteillage avec en fin de compte un blocage complet de la circulation. J'ai été victime de ce comportement que je ne sais comment qualifier alors que je revenais d'une visite de Marcory en partance vers les Deux-Plateaux. Des chauffeurs plus pressés et pensant être plus malins que les autres ont tout simplement décidé de prendre la voie inverse de l'autoroute, ce qui a obligé les automobilistes qui empruntaient cette voie de se démarquer pour éviter toute collision. En quelques minutes, les voies dans les deux sens étaient totalement bloquées. Nous sommes restés immobilisés pendant 3 heures (lisez bien trois heures) pour parcourir la distance entre le palais des sports et le pont Houphouet-Boigny. Comment comprendre que des automobilistes puissent, sans se soucier ni de leur sécurité, ni de celle des autres usagers prendre tout simplement une autoroute en sens inverse.

Cela honnêtement me dépasse.

Mais au-delà de ce geste qui semble à priori bénin, indique une mentalité. Quand un individu qui pose un acte sans penser aux conséquences, acquiert une parcelle de pouvoir, agira de la même manière ; son premier souci est de se dire « qu'est-ce-que j'en tire ». Alors, chers frères et sœurs, au lieu de passer tout notre temps à critiquer nos dirigeants, sachons qu'ils ne sont que le reflet de notre société.

C'est quoi la liberté ?

La seule vraie liberté est la liberté du fou; car elle ne tient compte ni du temps, ni de l'espace, ni du contexte. Toute autre liberté est contractuelle, contextuelle et relative.

Telle est ma conception de la liberté après plus de 2 décennies de militantisme pour les "droits humains". J'en suis arrivé à m'interroger sur le sens de notre combat au regard de tout ce que les plus forts militairement et économiquement nous imposent comme norme au nom de la liberté.

Est-ce pour notre liberté ou pour la liberté des autres qu'on nous pousse à avaler toutes les valeurs qui sont au centre des combats des militants des droits de l'être humain ? Je m'interroge pourquoi tant de moyens pour faire accepter l’homosexualité comme un droit fondamental et la polygamie comme un crime ? Pourquoi ne pas comprendre que pour dire la vérité au chef, tous les groupes sociaux n'utilisent pas les mêmes voies et obliger tout le monde à passer par les voies des Européens ? pourquoi ? pourquoi ? Je m'interroge

Réaction aux déclarations de KKB (2è partie)

"Le maire étant le nom européen du chef du village (...... ), pour qu’il y ait la cohésion et l’harmonie dans la cité, que dans chaque zone, ce soit des propriétaires terriens qui gèrent la mairie"

( publié par le site www.lebanco.com )

Comme je le disais dans la première partie, la Côte d'Ivoire à l'instar de la quasi-totalité des pays Africains, est une invention des colonisateurs Européens. Nous devons assumer les conséquences de leurs actions et décisions, ce qui ne s'avère pas du tout facile comme le témoignent tous les conflits que connaît l'Afrique et qui sont en grande partie due à cet héritage. Notre problème à nous en Afrique, c'est de ne pas reconnaître les causes profondes de nos problèmes, en particulier la nature ethno-tribale de notre organisation sociale.Il ya en Côte d'Ivoire plusieurs zones culturelles avec des populations qui ne partagent pas toujours la même vision de la société. Il ya des différences entre le sud forestier et les zones de savane plus au Nord. Pour des raisons que les ethnologues et les sociologues peuvent facilement mettre en évidence, certaines conceptions liées à l'autorité, à la notion d’étranger et à d'autres aspects de notre vie quotidienne ne sont pas perçues de la même manière. J'éviterai de rentrer dans des détails, je voudrais simplement relever que ce sont des éléments constitutifs de notre société. Personne ne détient le monopole du « bon » ou du « mauvais », chaque peuple a une manière différente de voir les choses. L'Afrique et encore moins la Côte d'Ivoire ne détient le monopole des divisons régionales ou ethniques même si ailleurs ces différences portent d'autres dénominations et sont parfois appelées « idéologies ». De l'Italie avec son Nord et son Sud à l'Espagne avec les Basques et les Catalans, en passant par les États-Unis avec ce qu'on appelle là-bas les « blues states » situés à l'est et à l'Ouest et les « red states » dans le Sud et le Centre, il y a de fortes odeurs de différenciation liée à l'appartenance régionale ou ethnique, diluées dans l'histoire de ces pays en prenant les formes et les dénominations qui sont reconnues aujourd'hui.Ce qui diffère dans ces pays par rapport au notre, c'est comment ces différences parfois très vives arrivent à être gérer sans déraper dans des guerres civiles et des tueries. Aux États-Unis, pays dans lequel je vis depuis une dizaine d'années, les divisions sont connues et reconnues, analysées et disséquées de telle sorte que tous les acteurs de la société en tiennent compte aussi bien dans leurs activités publiques que privées. Par exemple, il n'y a presque pas de campagne électorale lors des élections présidentielles dans les trois etats les plus peuplés à savoir la Californie, le Texas et New York, les équipes de campagne connaissant d'avance les positions des électeurs dans ces états.

Nous ne devons pas avoir honte de nos positions même si elles semblent tribales, c'est pour cela que j'ai dit que bien que ne partageant pas le point de vue de KKB, je ne le cloue pas au pilori et je respecte ses idées. J'aime souvent dire lorsqu'il m'arrive d'aborder ce thème dans une discussion, qu'il ne s'agit pas que nous nous aimions, mais de tout faire pour pouvoir vivre ensemble parce qu'il n'y a pas une autre alternative. La question qui se pose alors est de savoir comment faire vivre dans le même espace, sous les mêmes lois des personnes que beaucoup de choses divisent ?

Ce sera la troisième et dernière partie de ma réflexion.

Lorsque la rencontre entre la loi, la religion et l’homosexualité provoquent des situations inextricables (2ème histoire)


Cette histoire concerne deux dames (lesbiennes) qui se sont mariées au Vermont, leur État de résidence. Le couple composé d'une jeune dame et une moins jeune décident d'avoir un enfant. La jeune dame accepte de porter la grossesse. Pour cela, elles recourent à la procréation médicalement assistée (obtenir le sperme dans une banque de sperme et l'introduire chez la dame par une méthode d'insémination artificielle)  et la mère donne naissance à une jeune fille que les deux « parentes » reconnaissent ensemble. Tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes lorsque la mère biologique (la jeune dame) rencontre des prédicateurs évangéliques qui la convainquent et elle se convertit à leur église. Dans les enseignements qu’elle reçoit, elle apprend que l'homosexualité est un grave péché dont il faut s'éloigner le plus loin possible. Une fois convaincue, elle quitte sa partenaire et introduit une demande de divorce qu'elle obtient. Dans la décision de divorce, le juge ordonne la garde de l'enfant à la maman biologique et le droit de visite à sa « deuxième maman ». La mère refuse d'exécuter la décision au motif que le domicile de son ex-conjointe est un lieu de péché et elle ne veut en aucun cas y envoyer sa fille. Cette dernière saisit alors la justice qui ordonne à la maman de l'enfant de s’exécuter sinon elle perd la garde de sa fille au profit de son autre maman. Prise de peur et aidée par son église, elle s'enfuit dans un pays de l'Amérique centrale où l'église possède des propriétés. Informée par la plaignante (deuxième mère), la justice émet un mandat d'arrêt international pour enlèvement et séquestration d'enfant mineure qui est transmis au pays où la dame s'est installée. Ce pays ne s'empresse pas de mettre en exécution le mandat. Alors le gouvernement fédéral des États-Unis saisi par les autorités de l'État du Vermont attaque sur plusieurs fronts pour obtenir l'exécution de la décision de justice. D'un côté, le ministère des Affaires Étrangères entre en scène et fait pression sur le pays hôte pour l'exécution du mandat d'arrêt et de l'autre une menace d'arrestation est faite à l'endroit du chef de l'église au motif de complicité d'enlèvement et de séquestration d'enfant mineure ; en plus de ces actions, les impôts menacent de retirer à l'église leur qualité d'organisation religieuse, ce qui aura pour conséquence de supprimer tous les avantages fiscaux dont elle bénéficie, en particulier le fait d'être dispensé de payer des impôts et de permettre à ses donateurs de déduire de leurs déclarations d'impôts les dons qu'ils font à l'église.
Comme vous pouvez le constater, le croisement entre la loi, l'homosexualité et la morale peut prendre des proportions inextricables. Malheureusement, je n'ai pu avoir des informations sur la suite de ce feuilleton.

Lorsque la rencontre entre la loi, la religion et l’homosexualité provoquent des situations inextricables (1ère histoire)



Les Etats-Unis sont une république fédérale, et cela tout le monde le sait. Cela se traduit par une répartition des pouvoirs entre le Fédéral et les Etats. Avant de relater les histoires qui suivent, il est bon d’expliquer certaines des règles qui sont à la base de ces situations.
Aux Etats-Unis, les questions liées à la famille (mariage, divorce et autres) sont du ressort exclusif des Etats. Cependant une loi fédérale stipule que tout mariage célébrée dans un Etat a force légale dans tous les autres Etats. Un couple peut se marier dans n’importe quel Etat, mais le divorce ne peut être prononcé que dans l’Etat de résidence du couple. Certains Etats reconnaissent le mariage homosexuel, d’autres pas, et cela est à la base de situations inextricables. Après ces explications, voici trois faits qui marquent cette nouvelle société dans laquelle nous vivons aujourd’hui.

1ère histoire

Cette histoire se passe dans l’Etat de l’Arizona, un Etat qui ne reconnait pas le mariage homosexuel. Il ‘s’agit d’un couple dont le mari est un transsexuel, c’est-à-dire une femme qui s’est transformée légalement et physiquement en un homme, tout en conservant ses organes sexuels originaux. Il s’est marié à une femme qui s’avère être stérile. Pour contourner ce problème, il recourt aux méthodes de procréation médicalement assistée, prend trois grossesses et donne naissance à trois enfants. La vie en couple prend un coup et ils décident de se séparer. Le mari prend l'initiative et introduit une action de demande de divorce en justice. A sa grande surprise, la justice de l’Etat de l’Arizona la déclare irrecevable au motif qu’il s’agit d’un mariage homosexuel, non reconnu par l’Etat et qu’en conséquence ne peut être dissout. Fort de ses papiers d’identité qui le présente comme un « male », le mari fit appel de la décision. La justice rétorqua que depuis que le monde est monde, seules les femmes portent des grossesses et donnent naissance à des enfants. Ayant pris trois grossesses qui ont permis la naissance de trois enfants, « il (le mari) » ne peut être un homme. Par conséquent, la décision est maintenue.
La procédure continue devant la cour suprême.

Réaction aux propos de KKB (1ère partie)

Réaction aux propos de KKB (1ère partie)

"le maire étant le nom européen du chef du village (...... ), pour qu’il y ait la cohésion et l’harmonie dans la cité, que dans chaque zone, ce soit des propriétaires terriens qui gèrent la mairie"  ( publié par le site www.lebanco.com1)

Le professeur Kakou Guikahué, commentant une déclaration du député de Port-Bouet et président de la jeunesse du PDCI M. Koudio Konan Bertin alias KKB a dit : « Et il (ndr KKB) est allé plus loin pour dire que les postes de députés étant une représentation nationale, que des communautés qui ont émigré vers d’autres cieux, si on dit de partager les postes de députés, lui n’y voit pas d’inconvénient. Cependant, il trouve que le maire étant le nom européen du chef du village. Alors il aurait souhaité, pour qu’il y ait la cohésion et l’harmonie dans la cité, que dans chaque zone, ce soit des propriétaires terriens qui gèrent la mairie pour éviter des frustrations. Il a dit que pour la libation, chaque peuple a sa façon de faire. Chez les Gouro, les Bété, les Baoulé, les Malinké etc. chacun a sa façon et sa période de libation. Et il (KKB) a ajouté que "nous les Baoulé, nous avons beaucoup bougé à travers le pays. Nous sommes partout. Ce n’est pas parce que nous sommes nombreux à Oumé que nous allons revendiquer le poste du maire d’Oumé. Si nous prenons tous les postes, les Gouro ne vont pas vouloir faire la libation. Ils risquent même d’invoquer les mânes contre vous et tout ce que vous aller entreprendre va échouer". Ce qui signifie pour lui que pour qu’il ait la cohésion sociale et le développement, il faut que ce soit un fils de la région qui soit maire, par contre pour les députations, tout le monde peut être député, parce qu’on n’est pas député d’une circonscription, mais de la Nation.  »
C'est une déclaration très grave; il faut cependant admettre le courage de KKB de dire haut ce que beaucoup d'Ivoiriens pensent tout bas. La question ethnique, puisque de cela qu'il s'agit, a causé beaucoup de préjudices à notre pays, c'est pourquoi il me semble important de l'aborder avec du tact, surtout quand il s'agit d'un responsable politique. Je ne suis cependant pas de ceux qui pensent résoudre cette question importante pour la paix en Côte d'Ivoire simplement en tirant à boulets rouges sur notre jeune frère KKB et ignorer la réalité socio-culturelle qu'elle incarne. Résoudre un problème commence d'abord par reconnaitre son existence.
Les remarques de KKB mettent en relief une question de fonds : quelle Côte d'Ivoire voulons-nous ? Est-ce une fédération de régions déterminées par les ethnies y habitant avant la colonisation ? Est-ce une république avec des citoyens égaux devant la loi, en droits et en devoirs sur toute l'étendue de ses 322 mille km carrés ? Le statut d'Ivoirien doit-il être défini à partir de « son village d'origine » comme le voulait feu Boga Doudou ou à partir de sa nationalité tel que définie par le code de la nationalité ? Ce sont là des questions fondamentales auxquelles nous devons rependre. Plutôt que de brûler KKB, il appartient à ceux d'entre nous qui ne partageons pas son point de vue de le confronter avec arguments contre arguments, sans hypocrisie.
Une société d'êtres humains ne saurait être figée comme une photo car elle est dynamique par essence et son organisation doit épouser cette dynamique, c'est pour cela que je trouve cette vision de KKB étroite, inadéquate et complètement en déphasage avec ce monde globalisé dans lequel nous vivons.
En jetant un bref regard sur ce qu'est la Côte d'Ivoire, on constate tout simplement qu'elle n'existait pas avant la colonisation Française. Il y avait certes des peuples habitant l'espace géographique connu aujourd'hui sous le nom de Côte d'Ivoire. La France a morcelé les terres Africaines conquises au bout des canons et les a morcelé selon ses intérêts, y a mis une administration, y a bâti des infrastructures, crée un système d'enseignement, y a apporté une autre culture dans une langue qui est devenue notre langue nationale. Toutes ces actions ont eu pour conséquence des mouvements de populations parfois forcés, parfois volontaires. Nous disons alors que la Côte d'Ivoire est le fruit de tout ce passé colonial. Faire émerger une culture au sens large du terme, comprenant entre autre le mode de choix de ses représentants en puissant dans les traditions est une bonne chose, en faire la norme au mépris de l'histoire en est une autre.


1 http://www.lebanco.net/news/lebancoprint.aspx?id=17555

Et si on supprimait les élections présidentielles en Afrique


L'église Catholique vient d'élire son nouveau chef, le pape François par une procédure qui a fait appel à un collège électoral. Cela m'a fait penser aux élections présidentielles Africaines qui ont causé tant de dégâts dans de nombreux pays avec les dernières plus sinistres en Côte d'Ivoire en 2010 et au Kenya en 2008. Je me suis posé la question de savoir si cette expérience de l'Eglise ne pouvait pas nous inspirer à penser autrement nos élections.

En effet que valent des élections qui aboutissent à la guerre et au désordre engendrant une plus grande paupérisation de la population, à une plus grande déchirure de la cohésion sociale ? Que signifie une élection supposée apporter la démocratie quand les votes sont automatiquement alignés sur l'appartenance ethnique ? Qu'apporte une élection à un pays qui n'est pas capable de la financer lui-même et doit faire appel à des partenaires externes et crier ensuite à l'ingérence ? En en mot, les élections présidentielles Africaines ont-elles amélioré la démocratie, la bonne gouvernance et de façon plus générale la vie des populations ? Le Juriste Congolais Alexis Bouzibou écrit dans le Cercle de réflexion pour des idées nouvelles1 : « En définitive, pour mettre un terme aux mascarades électorales, aux falsifications des listes électorales, aux fraudes massives, aux commissions électorales qui sont loin d’être « indépendantes », et à la manipulation du suffrage universel constatée ici ou là, l’élection présidentielle en Afrique mérite d’être revisitée. Sa suppression, voire son remplacement par un autre mode de désignation du président, épargnerait sans conteste à l’Afrique des violences et des drames inutiles. »

La question est posée ! Alors, pourquoi ne pas revisiter le mode de désignation du président, voir la nature de la fonction. Certains trouveront la question saugrenue mais signalons que le président de la république est élu par les députés en Afrique du Sud, par un collège électoral aux Etats-Unis pour ne citer que ces deux pays. Le rôle du président est complètement différent dans les pays ayant un système parlementaire comme le Royaume Uni ou la République Fédérale d'Allemagne. Je ne pense pas que ces pays soient moins bien lotis que les nôtres.

Les élections présidentielles coûtent chères aussi bien aux contribuables qu'aux candidats. Ce sont des milliards de Fcfa qui ont été engloutis dans la dernière élection en Côte d'Ivoire pour les résultats que l'on sait : des morts, des morts, des destructions, des handicapés physiques et psychologiques à vie. Sans avoir des chiffres, en regardant simplement les activités de campagne des principaux candidats, il est très aisé de déduire que les campagnes de Ms Ouattara et Gbagbo ont coûté plusieurs milliards de Fcfa. Si on sait que le camp LMP s'est servi directement ou indirectement dans les caisses de l'Etat, peu de personnes savent la source des fonds du RDR. C'est un autre débat, le financement des campagnes et la source des fonds. Pour paraphraser un dicton populaire, « dis-moi comment tu finances ta campagne, je te dirai comment tu gouverneras ». Ces fonds n'auraient-ils pas pu être mieux utilisés dans des projets de développement ?

Je pense humblement qu'à défaut de revenir à un système parlementaire, ce qui pour moi serait mieux, il faudrait peut-être s'inspirer du mode Sud-Africain. Il n'y a pas d'idéal, chaque méthode à ses avantages et ses inconvénients. Mais s'il est possible de réduire la violence et les coûts, ce serait déjà quelque chose de positif.

Lettre ouverte au Prof PAUL YAO N'DRE (Ancien président de la Cour Constitutionnelle de la Côte d'Ivoire)

Tout d'abord je vous prie de m'excuser d'user de cette voie pour m'adresser à vous ; ne sachant comment vous joindre, il me semble que ce soit la meilleure voie qui s'offre à moi.

Depuis le décès de son premier président feu Félix Houphouët Boigny, la Côte d'Ivoire est passée de soubresaut en soubresaut. Elle a vécu à la fin de 2011 et au début de 2012 les périodes les plus troubles de sa jeune histoire par ce qu'on a appelé « la crise post-electorale ». Vous y avez occupé une position très particulière. Tous ceux qui ont suivi les péripéties de ces folles journées qui ont suivi le deuxième tour de l’élection présidentielle se souviennent et se souviendront encore longtemps de vous. Vous avez joué le rôle - ô combien difficile - de l'arbitre. Vous avez usé des acrobaties les plus insolites pour pouvoir déclarer successivement deux présidents élus. J’imagine que vous avez dû passer des moments difficiles pour pouvoir dire une chose et son contraire. Bref, votre nom sera gravé à jamais dans l'histoire juridico-politique de la Côte d'Ivoire.

Il y a des faits qui s’inscrivent de façon indélébile dans l’histoire des peuples et des nations et cette période en fait partie pour la Côte d'Ivoire. La vie des nations a ses hauts et ses bas ; il appartient à chacune de les analyser et d'en tirer les conséquences. Certains peuples les utilisent comme des opportunités pour influencer positivement leur avenir. Je souhaite que le peuple de Côte d'Ivoire, dans toute sa diversité et quelque soit le bord politique, soit de ceux-là.

Professeur Yao N'Dre, vous avez été au centre de ce que vous conviendrez sûrement avec moi d'appeler un scandale politico-judiciaire. Vous avez vécu des choses que vous seul savez ; et je suis persuadé que vous en avez tiré beaucoup de leçons. Vous venez d'acquérir un savoir à ce que feu Houphouët-Boigny appelait l’école de la vie ; ce sont ces connaissances qu'il est impossible d'acquérir au sein d’une université, ni au cours de l’une de ces nombreuses rencontres universitaires que sont les symposiums, colloques et autres dénominations. Aujourd’hui vous comprenez plus que tout autre juriste de ce monde les relations entre les pouvoirs politiques et judiciaires et les conséquences d'une inféodation du deuxième au premier. Après tous ces moments difficiles, que pouvez-vous ou que pensez-vous faire maintenant ?

Je ne sais pas si vous êtes en Côte d'Ivoire ou à l'extéroieur, mais vous servirez véritablement la Côte d'Ivoire et la cause pour laquelle vous vous êtes engagés en politique en étant parmi vos siens. Êtes-vous toujours enseignant à l'université ou avez-vous déjà fait prévaloir votre droit à la retraite, privant ainsi la jeunesse de votre expérience ?

Néanmoins, quelque soit votre décision, vous devez méditer sur ce récent passé pour voir comment l'utiliser comme moyen dans des actions futures ; et la Côte d'Ivoire vous sera reconnaissante si vous vous engagé résolument à la recherche de solutions profondes au drame que le peuple a vécu et continue à vivre les soubresauts.

Il faut avoir le courage, la détermination et la modestie des grands hommes qui acceptent de faire face aux défis de la vie, même dans les moments les plus difficiles. La réussite de demain est parfois le fruit de l'échec d'hier. C'est au regard de cette réalité de la vie que je voudrais humblement m'adresser à vous en vous demandant de faire profiter aux autres juristes, politiciens, étudiants et autres décideurs de cette expérience atypique dans votre vie. Comment ? Sans honte et sans faux fuyant, vous pouvez entreprendre des actions sur deux axes : La première action devrait être de parler de ce qui s'est réellement passé pendant ces semaines au cours desquelles vous avez déclaré deux présidents élus. Cela, j'en suis persuadé vous libérera, libérera les Ivoiriens et éclairera les amis de la Côte d'Ivoire . Le fardeau le plus lourd pour un être humain est celui qui est interne, ancré en soi-même dans la plus profonde intimité. Ce poids qui peut ôter à toute personne son affabilité, son éloquence et son amabilité, bref qui peut l'emmener à devenir une autre personne. En parler avec les autres peut aider à s'en débarrasser. Je ne peux pas savoir comment vous avez vécu ces moments, ni comment vous vous êtes senti après. Je pense tout simplement que pour le professeur émérite que vous êtes, pouvoir nier la loi et se dédire ensuite, n'est sûrement pas commode. Savoir que votre décision, si elle n'est pas la véritable cause des troubles, a été cependant celle qui aura mis la poudre au feu. Votre conscience devrait la supporter difficilement au regard des milliers de victimes de tous les bords et de la destruction qu'elle a engendré. Cette action de vérité, si vous pouvez l'entreprendre, peut être la transparence et l’honnêteté desquelles peut jaillir la lumière pour une Côte d'Ivoire nouvelle réconciliée avec elle-même.

La deuxième action serait de formaliser et de pérenniser vos actions à travers une organisation dont la mission première et principale sera de mettre l'accent sur le rôle de ceux et celles qui à qui il incombe de dire le droit. Cette organisation servira de levier pour faire des réflexions, études et recherches relatives aux relations entre le judiciaire et le pouvoir spécifiquement en Afrique où les données culturelles fortement influencées par les relations ethnico-regionales entre les différentes composantes de la société rendent difficiles l'application de la démocratie au sens occidental. Je ne vais pas ouvrir ce chapitre ici sur la pratique démocratique en Afrique et les raisons de sa fragilité comme l'exemple du Mali le démontre car ce n'est pas le point focal de ma réflexion.

Par le biais de cette structure, vous pourriez enrichir la compréhension de la population sur la pratique du droit dans le contexte politique tel que celui de la Côte d'Ivoire. Cela permettra aussi et surtout d'influencer la jeunesse, c'est-à-dire les dirigeants de demain sur les dangers et les enjeux que constituent les relations complémentaires et en même temps antagoniques du couple pouvoir politique et pouvoir judiciaire.

Je suis persuadé que vous serez très utile à la Côte d'Ivoire et aux Ivoiriens et pourquoi pas à toute l'Afrique si vous arrivez à faire du malheur de la Côte d'Ivoire une opportunité pour exorciser l'avenir



Par Abahebou Kamagaté,
Ingénieur en Génie électrique,
Activiste et acteur de développement communautaire

Etre à la mode et en souffrir ; pourquoi ?


Il ya des choses que j'ai du mal à comprendre; chaque fois que je suis dans les rues de New York, je me pose toujours les mêmes questions sur ce que je vois :
  • je regarde des jeunes gens qui, pour pouvoir maintenir leurs pantalons sous les fesses, sont obligés de marcher de façon très particulière et pas du tout à l'aise
  • je regarde des dames jeunes et parfois moins jeunes, presqu'incapables de marcher tellement les chaussures qu'elles portent les font ressembler aux acrobates Zaouli ; j'en ai même vu qui qui n'en pouvaient plus et n'ont eu d'autre choix que d'enlever leurs chaussures
Alors je m'interroge sur l'esprit de l'être humain ; qu'est-ce peut pousser une personne à se mettre dans une situation qui la fait souffrir tout simplement pour être à la mode  ? Faut-il s'auto-flageller pour se faire plaisir ? Moi je ne comprends pas.

Chronique d'un coup d'Etat au Mali et une alternance au Senegal par des elections


L’Afrique de l'Ouest a été au centre de deux faits politiques en 2012, l'un au Sénégal et l'autre au Mali. Un nouveau président s'est installé au Sénégal par la volonté des électeurs qui ont pu librement choisir celui qu'ils ont voulu. Au Mali le président s'est vu obligé d'abandonner son poste sous la botte de la soldatesque à quelques mois de la fin de son mandat. Ceux qui dominent ce monde d'aujourd'hui ont stigmatisé ce qui s'est passé au Mali et n'ont pas trouvé de mots de trop pour applaudir des deux mains le cas Sénégalais. Les pays membres de l'organisation sous-régionale CEDEAO se sont mis en branle pour tenter de trouver une solution à ce qu'il est convenu d'appeler la crise Malienne qui est venue compliquer une situation déjà délétère avec l'occupation du Nord du pays par des groupes rebelles. Que faut-il retenir de ces deux événements ?

D'abord le Sénégal. Les semaines qui ont précédé les élections ont été le théâtre d'un branle-bas général de la part des partis d'opposition et de certains acteurs de la société civile. Ils se sont activés pour empêcher à tout prix la candidature du président sortant Aboulaye Wade. La décision de la cour suprême en faveur de ce dernier ne les a pas amené à baisser les bras. Le constat qui en découle est le peu de confiance que les acteurs politiques ont au système judiciaire. Alors qu'il aurait été sage de la part des dirigeants de l'opposition de prendre acte de la décision de justice et éventuellement en faire un argument politique, ils ont préféré prendre le risque de tenter de faire prévaloir le droit de la rue. Le peuple Sénégalais a eu plus de sagesse en renvoyant les deux camps dos-à-dos. Les mouvements de rue n'ont été suivis que par les militants, permettant au gouvernement avec certes quelques débordements de maintenir l'ordre et le président Aboulaye Wade a maintenu sa candidature malgré toutes les hostilités de ses opposants.

La population a aussi indiqué simplement et clairement au président sortant qu'il était temps pour lui de faire prévaloir ses droits à la retraite après des décennies de bons et loyaux services rendus à la nation, ce que ce dernier a élégamment accepté. Le constat ici est l'irresponsabilité des politiques qui sont prêts à tout brûler si leurs visions ne sont pas réalisées.

Au Mali, le régime du président ATT gère d'une manière très maladroite une situation sécuritaire à laquelle le pays fait face. Peut-être espérait-il laisser la patate chaude à son successeur ? Les militaires pris dans une tourmente, ne pouvant faire face à la rébellion ont préféré se faire justice en renversant le régime qu'ils accusent de tous les maux d’Israël. D'une situation difficile, on est passé à une situation catastrophique, près à faire exploser l'unité du pays, si ce n'est la sous-région. Les rebelles qui n'en demandaient pas tant en ont profité non seulement pour occuper tout le nord du pays sans combat, mais surtout renforcer leur emprise sur cette partie du Mali.

Le Mali et le Sénégal sont parmi les rares pays Africains salués pour leur système démocratique. Si le Sénégal est le seul pays Francophone d'Afrique à ne pas avoir connu de coup d'Etat militaire, le Mali en est à son 3è après ceux menés contre Modibo Keita par Moussa Traoré, à son tour renversé par Amadou Toumani Touré qui a été déposé par la soldatesque conduite par Yaya Sanogo.

La question que l'on est en droit de se poser est de savoir pourquoi au Sénégal l'armée ne se s'est pas sentie obligée d'intervenir et qu'au Mali elle n'a pas pu se maîtriser de cette tentation ?

Je ne sais pas s'il ya une réponse claire et nette à cette interrogation mais elle est d'importance.



Par Abahebou Kamagate
New York

Eh oui, les entraineurs locaux peuvent gagner la CAN

Les entraîneurs appelés "sorciers blancs" ne sont pas plus performants que les locaux. Eh pourtant, pourquoi les fédérations Africaines s'obstinent-elles à les recruter à prix d'or ?
Les faits : en 27 coupes d'Afrique des nations depuis 1957,
  • 13 ont été remportées par des entraîneurs locaux Africains dont 4 par le Ghana et 5 par l'Egypte.
  • La Côte d'Ivoire, le Congo Brazzaville (un Zairois), l'Algérie et l'Afrique du Sud ont remporté leur seule coupe avec des entraîneurs locaux. 
  • Le Cameroun avec ses 4 titres est la seule exception pour avoir eu de bons résultats avec des entraîneurs Européens. Regarder l’état du football dans ce pays aujourd'hui et cela doit faire réfléchir.
Le Nigeria de Stephen Keshi vient encore de démontrer que les entraîneurs locaux peuvent faire aussi bien, sinon mieux que ces Européens dont certains ressemblent plus à des mercenaires aventuriers qu'à des sélectionneurs soucieux de la réussite du football dans le pays qui les a engagé.

Sur les 4 équipes demi-finalistes en Afrique du Sud, deux sont entraînées par des nationaux (Ghana, Nigeria) et 2 par des Européens (Burkina et Mali). Cela en dit long.

Faisons confiance à nos entraîneurs et comme on dit, "c'est en forgeant qu'on devient forgeron", alors les sélectionneurs locaux seront aussi bons sinon mieux que ces Européens si on leur donnait leur chance.

Abahebou Kamagate
New York
www.kamabah.blogspot.com

Un Ivoirien nouveau pour une Côte d'Ivoire nouvelle

Le président Houphouet avait dès l'indépendance définit une trajectoire qui devait hisser la Côte d'Ivoire à un stade de pays développé (comme on le disait alors). Pour ce faire, il avait mis en place plusieurs mesures aussi bien au plan politique qu'économiques et administratives. Rappelons brièvement les points clés :
  • une stratégie de création de richesse basée sur l'agriculture appuyée par la mise en place d'institutions de recherches et d'appui pour la modernisation de l'agriculture
  • la formation de cadres aussi bien en Côte d'Ivoire que dans les grandes universités Européennes et Nord-Américaines
  • la création d'entreprises publiques pour soutenir le développement économique
Cette approche, malgré son succès, a montré toutes ses limites dès le début des années 70 ; aujourd'hui force est de constater que très peu de choses ont survécu à cette époque. Les structures étatiques qu'étaient les Sociétés d'Etat et les Etablissements à Caractère Industriel et Commercial (EPIC) ont fait faillite tour à tour ou ont dû être privatisées, laissant derrière eux d'énormes dettes ; les infrastructures mal entretenues se sont effritées; bref cette belle époque de l’indépendance à la fin des années 70 n'est qu'un lointain souvenir dont se rappellent encore certaines personnes avec une profonde nostalgie. Qu'est-ce qui a pu provoquer une telle chute ? Je ne vais pas rentrer dans une longue et profonde analyse, je dirai tout simplement que les Ivoiriens n'avaient pas acquis la mentalité qui leur eu permis de gérer la Côte d'Ivoire telle qu'elle était en cette période de leur histoire. Tout le reste découle de cet état d'esprit.
C'est en jetant un regard sur ce passé récent de notre pays que je me permets de croire que le travail qui vient de commencer sous la direction du président Allassane Ouattara subira le même sort s'il ne s’établit pas sur une société consciente ; c'est pourquoi je crois qu'il doit être accompagné par un travail de fonds de conscientisation collective et individuelle à même de faire évoluer ce qu'on appelle généralement la culture.
La culture est l'identité d'un peuple, elle se compose de l'ensemble des éléments distinguant une société, un groupe social, d'une autre société, d'un autre groupe social. En ce sens, elle embrasse tout. Elle décrit les comportements individuels et collectifs, la manière avec laquelle la collectivité embrasse sa vie quotidienne et fait face aux différents défis auxquels doit faire face tout peuple.
Après la décennie 2000 à 2010 que l'on peut aisément considérer en Côte d'Ivoire comme une parenthèse honteuse ou le temps perdu, il est important et vital de redéfinir totalement les règles de vie dans notre société. Il s'agit de définir une nouvelle orientation politique qui doit se traduire par une nouvelle stratégie et la mise en place de moyens appropriés.
L'ère du président Houphouet a été marquée par une certaine vision du pouvoir et des rapports entre gouvernants et gouvernés, une certaine image du dirigeant. Cette vision a conduit au respect presque mythique du chef, à faire de lui un monarque entouré de sa cour. Elle a généré un système dans lequel il n'y a de compte à rendre qu'au seul chef, avec comme corollaire, la gabegie, la corruption, les surfacturations et autres détournements de deniers publics.
Bédié est arrivé et a mis en œuvre le concept de l'Ivoirité qui a été renforcé par le Général Guéi lors de son bref passage. Gbagbo, avec sa refondation a donné une autre dimension à l'Ivoirité en y ajoutant un nouveau slogan : « le patriotisme ». Pendant plus de 10 ans, le régime du FPI a réussi l'exploit de faire croire à une frange très importante de la population Ivoirienne et même d'ailleurs, l'idée qu'il veut rompre avec le passé colonial, autrement dit, qu'il lutte pour 'une vraie indépendance de la Côte d'Ivoire. Nous connaissons aujourd'hui les conséquences de cette politique de la refondation.
Je rappelle cette histoire récente et vivante de notre pays pour montrer à quel point l'idéologie qui sous-tend une politique peut influencer la mentalité collective et avoir des effets sur la vie de la nation et de ses habitants. C'est dans cette perspective que je voudrais que s'inscrive l'axe de la nouvelle politique.
Houphouet a construit des routes, des écoles et des hôpitaux. Qu'en reste-il aujourd'hui quand il n'y a pas eu de continuité dans le maintien de ces infrastructures ! Comment voulez-vous que le président Allassane Ouattara puisse remodeler notre pays comme le souhaite la quasi-totalité des Ivoiriens, si nous n'arrivons pas à « créer cet Ivoirien Nouveau » ? J'aurais souhaité que cette période que nous vivons puisse marquer à jamais la Côte d'Ivoire. Certes l'économie est la plus importante composante de toute politique dans la Côte d'Ivoire actuelle, mais comment obtenir un développement économique dans de bonnes conditions avec une population à relents Ivoiritaires, tribalistes ou patriotiques (version refondation) ? Et c'est à ce niveau que l'idéologie devrait avoir toute sa place.

Mlles, faites attention aux hommes très ambitieux

L'ancienne sécretaire d'Etat Française à la condition féminine Mme Françoise Giroux conseille aux jeunes filles "d'éviter de tomber amoureuse d'un homme très ambitieux" car selon elle, "il la trahira tôt ou tard" sous l'autel de ses ambitions.

Est-ce un sage conseil ? Mlles, vous-êtes tout de même bien averties.

The Leonard Lopate Show: Reaching for Peace - WNYC

The Leonard Lopate Show: Reaching for Peace - WNYC

Emission à écouter si vous comprenez l'Anglais car elle permet de comprendre l'Iran tel qu'il est, au délà des clichés soigneusement véhiculés par les médias et les chancelleries Occidentales. Pour se faire une bonne idée, il faut avoir les bonnes informations, toutes les informations et cette émission y contribue largement.

Bonne écoute

La question ethnique en Afrique

Lors d’un échange avec une amie Guinéenne sur la situation politique en Guinée, elle s’étonnait de ce que malgré toutes les tueries et autres exactions qui ont eu lieu le 28 Septembre, le capitaine Dadis Camara ait pu bénéficier d’un très large soutien de la part des guinéens de sa région d’origine, la zone forestière. Je lui ait fait remarquer que ce soutien s’inscrit dans une logique tribalistique et régionale. L’argument me semble-t-il est qu’après les Malinkés (Sékou Toure) et les Soussous (Lassana Conte), c’est au tour des Gueresse (ethnie) du capitaine Dadis de régner sur la Guinée. Cela m’amène à poser la problématique du tribalisme en Afrique, surtout son intrusion dans la sphère politique.
La composition de toutes les sociétés en Afrique avant la colonisation était basée fondamentalement sur le groupe ethnique et des règles traditionnelles régissaient les rapports des groupes sociaux les uns avec les autres. Les puissances coloniales, pour réussir leur objectifs, ont, par différents moyens tenté de changer ces règles. Aux indépendances et dans les périodes post-coloniales, cette attitude sociologique n’a pas véritablement évolué en ce qui concerne la grande masse de la population. Cependant, l’élite qui a hérité du pouvoir politique, s’en est servie pour faire prévaloir ses propres intérêts. Ainsi naquirent les systèmes de parti unique se donnant pour mission de créer les conditions d’une véritable nation fusionnant en son sein les multitudes de groupes ethniques. Cinquante ans après, les résultats sont palpables devant nous : échec sur toute la ligne. En vérité, il n’y a eu aucun travail sérieux pour prendre en compte cette réalité socio-culturelle de l’ancrage ethnique des populations dans la gestion de la vie politique. Ici et là, des analyses sont faites. Malheureusement très peu d’entre elles s’attaquent à la racine du mal. Je voudrais rappeler cet échange entre un journaliste et un professeur de lycée de Côte d’Ivoire pour élucider cette façon de simplifier la question en indexant un groupe comme la cause de l’exacerbation de la situation.
M. Ferro Bally, alors Rédacteur en chef central du quotidien gouvernemental ivoirien « Fraternité-Matin », dans son éditorial du vendredi 4 janvier 2007 sous le titre « L’ étincelle ethnique »,  aborde cette épineuse question des méfaits du tribalisme en Afrique en ces termes :
« Les contestations des résultats et les émeutes qui s’ensuivent, sont à l’origine d’atroces scènes de violences, d’actes de vandalisme et de pillages qui provoquent l’exode de milliers de personnes au pays de Jomo Kenyatta.  La soif du pouvoir ne suffit pas à expliquer les violences aveugles qui émaillent généralement les élections en Afrique. Parce qu’il y a un paramètre incontournable : l’étincelle ethnique. La démocratie est d’abord et avant tout à base ethnique. Ce qui se passe actuellement au Kenya où les Kikuyu (ethnie du Président Mwai Kibaki) et les Luo (ethnie de l’opposant Raila Odinga) ont déterré la hache de guerre pour se livrer une lutte sans merci, le prouve.  Le RDRi a scientifiquement instrumentalisé les frustrations en se servant du charnier de Yopougon et des tracasseries policières pour dresser les populations du nord en général contre le FPI. La mayonnaise a pris à tel point que la quasi totalité des contingents de l’ex-rébellion se recrute dans la partie septentrionale de la Côte d’Ivoire. A l’ouest, l’assassinat du général Guéï est devenu un fonds de commerce politique pour l’UDPCI. Le centre-ouest se bunkérise pour accorder son suffrage à Laurent Gbagbo. Au centre, le PDCI-RDA s’active à boucler et aseptiser sa zone. Il anime des meetings dits de « rectification » pour « désintoxiquer la population » ; et certains de ses responsables ne craignent pas de jeter de l’huile sur le feu. Parce que comme le déclarait publiquement un certain Kouamé Lambert, conseiller de l’ex-Premier ministre Charles Konan Banny, à Yamoussoukro, « Le fauteuil d’Houphouët est un trône en or qui revient aux Baoulé. »
En réaction à cet éditorial, M. Adou Koffi, professeur de philosophie dans un lycée écrit :
« Ce qui, dans le texte de M. Ferro M. Bally, nous a tout particulièrement interpellé, c’est la métaphore de ”l’étincelle ethnique.” De fait, ces violences semblent se greffer sur d’autres supports, jusqu’ici négligés, mais dont le rôle est déterminant dans la maturation des instincts à l’origine des violences en question.  D’aucuns n’hésitent pas à imputer ces dérives aux intellectuels africains, les accusant de n’avoir pas su modeler leurs peuples respectifs selon les normes admises sous d’autres cieux. Ceux-là pensons-nous cependant, commettent une grande méprise, surtout si l’on prend en compte le peu de cas que l’on a toujours fait au discours de l‘intellectuel sous nos cieux. Ceux qui ont voix au chapitre, c’est plutôt une autre catégorie de producteurs d’idées ou d’idéologies très efficaces et aux effets quelquefois dévastateurs. En Côte d’Ivoire, qui ne se souvient de ces paroles tirées du titre « Guerre civile » de l’album Yitzhak Rabin d’Alpha Blondy ?  Portées par une mélodie savoureuse, ces  paroles opèrent sur le mode d’un véritable dogme :
« Dans un pays avec plusieurs ethnies,
Quand une ethnie monopolise le pouvoir
Pendant plusieurs décennies
Et impose sa suprématie
Tôt ou tard ce sera la guerre civile (…) »

Les textes d’un autre grand reggae-man Ivoirien, Tiken Jah Fakoly, sont, à certains égards, encore plus tranchants. Tiken Jah Fakoly, qui n’hésite du reste pas à proclamer qu’il est un ” leader d’opinion ”, dans certains textes de ses chansons, se fait le porte-voix d’un groupe ethnique dont il crie la frustration, dans un langage propre à exacerber les tensions entre différentes communautés, plutôt que d’intervenir dans le sens d’un idéal intégrationniste.
Ces ” leaders d’opinion ”, qui ont toujours voix au chapitre, ont de tout temps bénéficié de la préférence de certains hommes de médias, qui relaient et amplifient leurs textes et propos, de sorte qu’ils apparaissent comme de véritables prophètes des temps modernes, régnant aussi bien sur les ondes, les petits écrans que dans la presse écrite, où ils distillent leurs messages au cours de nombreuses interviewes qu’ils accordent, là où les intellectuels sont ignorés. »

Ces deux points de vue ont en commun de stigmatiser un groupe social comme seul responsable des méfaits du tribalisme en Afrique. Pour M. Bally, les coupables sont les politiciens tandis que pour M. Adou Koffi, il s’agit des artistes. Leurs analyses sont pertinentes à bien des égards, mais à mon sens elles ne sont que des vues très partielles, voir partiales et partisanes. Elles n’arrivent pas à englober toute la complexité de ce problème. En Côte d’Ivoire comme au Kenya, le vers était déjà profondément dans le fruit. Ceux qui sont sur le banc des accusés n’ont en réalité fait que tirer la sonnette d’alarme.
Le problèmes tribal est fondamentalement un phénomène sociologique à un niveau global et l’expression psychologique de l’être humain au niveau individuel. La tribu et le clan ont joué et continueront de jouer un rôle prépondérant aussi bien en Afrique que partout dans le monde. En Irak, pendant que les autres tribus et clans ont toujours vilipendé le régime de Saddam Hussein, il a continué à être adulé dans sa région natale de Tikrīt. L’ethnie, la tribu, et le clan ont toujours dominé l’organisation politique et administrative des sociétés dans toute histoire de l‘humanité. Mais les relations entre les membres de ces structures sociales n’ont toujours pas été aussi antagonistes et chaotiques comme nous le voyons à l’ère post-coloniale en Afrique. Les pays, selon leur histoire et leur culture ont tout trouvé les moyens de reléguer l’appartenance ethnique et tribale à un seconde degré. Le cas des Etats-Unis d’Amérique est éloquent à cet égard. Société multi-ethnique (Irlandais, Ecossais, Anglais, Hollandais, etc), multi-raciale et multi-religieux, il leur a fallu une forte volonté politique appuyée par une société civile très active pour faire vivre ensemble délicatement toutes ces différentes entités.
En vérité, la quête du pouvoir, qu’il soit politique ou économique amène les êtres humains à user de moyens divers pour atteindre leurs objectifs. En Afrique, il s’avère que l’agitation de l’appartenance ethnique est le produit le plus sûr et le plus facile à vendre. Alors, pourquoi s’en priver ? Surtout que le pouvoir rapporte gros sous nos cieux.
Le comportement tribal des Africains est si profond qu’il devient à bien d’égard, la clé qu’il faut déchiffrer pour que la démocratie ait un vrai sens dans nos pays. Beaucoup a été dit et écrit sur le tribalisme; il s’agit en général des accusations portées contre les pouvoirs en place. Force est de constater cependant que les changements de pouvoir et même les changements de régime n’ont eu qu’un faible impact sur ce phénomène.Il est important de voir comment intégrer ou à tout le moins prendre en compte cette diversité ethnique dans la vie sociale, politique et économique. Il n’y a pas une solution idoine; c’est par des expériences qui doivent être audacieuses qu’il sera possible d’arriver à annihiler les effets néfastes. Ni le multipartisme, ni la liberté d’expression n’en sont la réponse. Un exemple qu’a utilisé feu Felix Houphouet Boigny en son temps a été les nominations selon les régions, ce qu’on a appellé la géopolitique. Est-ce la meilleure chose ? Elle a tout de même permis au régime d’Houphouet de rester au pouvoir dans un calme relatif et ce n’est pas rien.

Finalement, je pense que chacun de nous doit se poser cette question de savoir pourquoi l’Afrique n’arrive pas à faire émerger des dirigeants et une société civile qui aient la capacité de se défaire du poids tribal, ethnique et régional ? Vivement que les Africains puissent dégager une voie pour permettre aux populations de pouvoir vivre ensemble.

Par Abahebou KamagatéIngénieur informaticien
Activiste des droits humains

Fonds Régional d’Aménagement Rural

FRAR ! Ce sont quatre lettres qui ont une signification importante pour une tranche de la population : celle qui a connu le régime du Présid...