L’Afrique
de l'Ouest a été au centre de deux faits politiques en 2012, l'un
au Sénégal et l'autre au Mali. Un nouveau président s'est installé
au Sénégal par la volonté des électeurs qui ont pu librement
choisir celui qu'ils ont voulu. Au Mali le président s'est vu obligé
d'abandonner son poste sous la botte de la soldatesque à quelques
mois de la fin de son mandat. Ceux qui dominent ce monde
d'aujourd'hui ont stigmatisé ce qui s'est passé au Mali et n'ont
pas trouvé de mots de trop pour applaudir des deux mains le cas
Sénégalais. Les pays membres de l'organisation sous-régionale
CEDEAO se sont mis en branle pour tenter de trouver une solution à
ce qu'il est convenu d'appeler la crise Malienne qui est venue
compliquer une situation déjà délétère avec l'occupation du Nord
du pays par des groupes rebelles. Que faut-il retenir de ces deux
événements ?
D'abord
le Sénégal. Les semaines qui ont précédé les élections ont été
le théâtre d'un branle-bas général de la part des partis
d'opposition et de certains acteurs de la société civile. Ils se
sont activés pour empêcher à tout prix la candidature du président
sortant Aboulaye Wade. La décision de la cour suprême en faveur de
ce dernier ne les a pas amené à baisser les bras. Le constat qui en
découle est le peu de confiance que les acteurs politiques ont au
système judiciaire. Alors qu'il aurait été sage de la part des
dirigeants de l'opposition de prendre acte de la décision de justice
et éventuellement en faire un argument politique, ils ont préféré
prendre le risque de tenter de faire prévaloir le droit de la rue.
Le peuple Sénégalais a eu plus de sagesse en renvoyant les deux
camps dos-à-dos. Les mouvements de rue n'ont été suivis que par
les militants, permettant au gouvernement avec certes quelques
débordements de maintenir l'ordre et le président Aboulaye Wade a
maintenu sa candidature malgré toutes les hostilités de ses
opposants.
La
population a aussi indiqué simplement et clairement au président
sortant qu'il était temps pour lui de faire prévaloir ses droits à
la retraite après des décennies de bons et loyaux services rendus à
la nation, ce que ce dernier a élégamment accepté. Le constat ici
est l'irresponsabilité des politiques qui sont prêts à tout brûler
si leurs visions ne sont pas réalisées.
Au
Mali, le régime du président ATT gère d'une manière très
maladroite une situation sécuritaire à laquelle le pays fait face.
Peut-être espérait-il laisser la patate chaude à son successeur ?
Les militaires pris dans une tourmente, ne pouvant faire face à la
rébellion ont préféré se faire justice en renversant le régime
qu'ils accusent de tous les maux d’Israël. D'une situation
difficile, on est passé à une situation catastrophique, près à
faire exploser l'unité du pays, si ce n'est la sous-région. Les
rebelles qui n'en demandaient pas tant en ont profité non seulement
pour occuper tout le nord du pays sans combat, mais surtout renforcer
leur emprise sur cette partie du Mali.
Le
Mali et le Sénégal sont parmi les rares pays Africains salués pour
leur système démocratique. Si le Sénégal est le seul pays
Francophone d'Afrique à ne pas avoir connu de coup d'Etat militaire,
le Mali en est à son 3è après ceux menés contre Modibo
Keita par Moussa Traoré, à son tour renversé par Amadou Toumani
Touré qui a été déposé par la soldatesque conduite par Yaya
Sanogo.
La
question que l'on est en droit de se poser est de savoir pourquoi au
Sénégal l'armée ne se s'est pas sentie obligée d'intervenir et
qu'au Mali elle n'a pas pu se maîtriser de cette tentation ?
Je
ne sais pas s'il ya une réponse claire et nette à cette
interrogation mais elle est d'importance.
Par
Abahebou Kamagate
New York
New York