Nous sommes tous victimes

Je suis né dans un village de la région de Bondoukou où j'a fréquenté l'école primaire. Je vais au collège dans la grande ville de la région et je suis transféré au Lycée à Bingerville. Après mes études supérieures, je m'installe à Abidjan pour y travailler. Ce cheminement est presque celui d'un grand nombre de mes compatriotes Ivoiriens. Avais-je le choix ? Non ! Je ne suis pas venu au sud parce que j'avais envie d'y venir. M. Laurent Gbagbo n'a pas choisi de quitter Maman pour s'installer à la Riviera parce qu'il en voulait ainsi; M. Henri Konan Bédié n'a pas choisi de quitter son village près de Daoukro pour s'installer à Cocody; il n'avait pas le choix ! Le choix s'est imposé à nous. Les habitants d'Anono, d'Abobo Baoulé et de Jacqueville n'ont pas invité ceux qui se sont installés chez eux; en avaient-ils le choix ?

Nous sommes tous des victimes

Quand les Français se sont emparés des territoires Africains, ils n'ont pas demandé l'avis de ceux qui y habitaient. Ils ont découpé, aménagé, structuré et développé l'espace selon leurs intérêts. Au bout de la ligne, ils ont facilité, sinon organisé le mouvement migratoire selon leurs intérêts économiques. Le réseau de transport orienté du nord au sud en est un témoignage poignant.

Nous sommes tous des victimes

Le modèle économique choisi par le 1er président Félix Houphouët-Boigny s'est bâti sur l'exigence d'une main d'oeuvre disponible et pas chère; ce choix a légué une prospérité économique et un afflux de migrants. Le flou dans la définition de la nationalité dans le 1er code de la nationalité de 1961, la corruption généralisée dans l'administration, le paternalisme et l'insouciance de la population ont distordu la notion juridique de nationalité en la confondant souvent avec celle d'étranger (c'est-à-dire celui qui est venu d'ailleurs).
Tant que l'économie permettait à chacun d'avoir son pain, cette confusion n'a pas déchiré le tissu social. Quand les terres ont commencé à se faire rare, l'administration incapable d'absorber le flot des jeunes diplômés universitaires, l'économie ne pouvant offrir un emploi à tous qui en avaient besoin, c'est l^que le navire Ivoire à commencer à chavirer quand certains politiciens ont fait "des étrangers" leur fond de commerce.

Nous sommes tous des victimes

Le plus grand problème de la Côte d'Ivoire, ce ne sont pas les étrangers (ceux qui n'ont pas la nationalité Ivoirienne). Le plus gros défi, c'est la cupidité et l'affairisme de ceux qui ont un brin de pouvoir : du ministre qui exige sa part avant de signer un contrat, du technicien du service de contrôle automobile qui fait échouer celui qui ne lui verse son "dû", du technicien de la Sodeci qui ferme les yeux sur les pirates d'eau dans les quartiers après avoir reçu son sursalaire, de l'agent de sous-préfecture ou de la mairie qui ne se fait aucun scrupule en prenant un pourboire pour changer un acte de naissance ou en établir un nouveau; la justice qui prend des décisions pas toujours justes.
Quand des pans entiers de l'économie nationale sont contrôlés par des étrangers, il faut faire une lecture introspective et en comprendre les raisons profondes.
L'hypocrisie, face à cette situation, est la seule chose que se partagent tous les partis politiques. Leurs militants et leurs dirigeants ne voient le mal que quand ils en sont victimes. La constitution, version Guei, était décriée par Gbagbo quand il était opposant; il en est devenu un farouche défenseur une fois au pouvoir. Les surfacturations et les gabegies décriées avec tant de vigueur par les militants du RDR quand Bédié était au pouvoir, ont trouvé une justification une fois que leur parti est au pouvoir. Ceux, pour qui la raison du plus fort est la meilleure sous Gbagbo, crient aujourd'hui à la partialité de la justice quand leur parti a perdu le pouvoir.

Nous sommes tous des victimes; nous exigeons de nos responsables

La Côte d'Ivoire a besoin d'une onde de choc pour pouvoir faire face aux vrais défis que constituent les fléaux susmentionnés. Le problème des étrangers trouvera une solution idoine quand le peuple Ivoirien aura une conscience aigüe de la loi, de l'Etat et de ceux qui l'incarnent. Quand le peuple attend du ministre, du maire ou du DG une générosité sans borne, qu'il participe avec de gros montants à toutes les funérailles, baptêmes; qu'il paye les ordonnances de tout un village; qu'il dorlote les notables, les chef religieux, les chef traditionnels; qu'il parraine avec des montants sonnants et trébuchants toutes les activités des jeunes et des femmes; il faut bien que celui ou celle-ci trouve cet argent quelque part car son salaire ne peut pas suffire.

Nous sommes tous coupables

Fonds Régional d’Aménagement Rural

FRAR ! Ce sont quatre lettres qui ont une signification importante pour une tranche de la population : celle qui a connu le régime du Présid...