Fonds Régional d’Aménagement Rural

FRAR ! Ce sont quatre lettres qui ont une signification importante pour une tranche de la population : celle qui a connu le régime du Président Félix Houphouët Boigny. Hélas, mille fois hélas, ce précieux outil qu’incarnent ces 4 lettres a disparu, classé dans les oubliettes de l’histoire.

Je n’ai malheureusement pas assez d’informations pour présenter l’origine de ce programme de l’État de Côte d’Ivoire qui ambitionnait d’améliorer les conditions de vie des personnes vivant en zone rurale.
C’est quoi le Fonds Régional d’Aménagement Rural (FRAR) ?

C’est une ligne budgétaire de l’État, gérée par le Ministère du Plan. Les fonds qui y sont logés sont mis à la disposition des zones rurales pour la construction d’infrastructures socio-économiques. Ils viennent en aide aux populations locales. Pour y accéder, toute communauté rurale devait faire une demande pour la réalisation d’une structure devant servir toute la collectivité. La structure technique l’analyse et une commission fait le choix en tenant compte des moyens disponibles, de la viabilité et de l’utilité du projet. Le financement de tout projet retenu comportait deux volets :

  1. Les fonds alloués par l’État
  2. La contribution des populations locales

La clé de répartition variait selon les régions. La part des populations était plus élevée dans les zones forestières que dans celles des savanes. L’État estimait que les populations vivant dans les zones forestières (en fait le sud) avait plus d’activités génératrices de revenus que celles vivant plus au nord, dans les zones de savane.

La caractéristique principale et importante de ce programme est que ce sont les populations bénéficiaires du projet qui en font la demande. C’est-à-dire que ce sont elles qui déterminent leurs besoins. Il en résulte qu’elles s’impliquaient dans la mise en place de l’apport local et dans le suivi de la réalisation. Une partie de la contribution locale peut se faire par un apport en nature. Ainsi, il était fréquent que l’apport des populations se fassent par leur main d’oeuvre, les matériaux disponibles dans la zone (le plus souvent sable et graviers). Ce qui venait en réduction à leur contribution financière.

Les projets retenus ne sont pas des projets sortis de nulle part et imposés aux populations. Je pense que ce type de mise en place d’infrastructures est adapté aux réalités du monde rural parce qu’il oblige les bénéficiaires à participer aux financements, ce qui les amène non seulement à mieux apprécier le projet, mais surtout à s’y impliquer et à se l’approprier. Choisissant, en accord avec les responsables de gestion des fonds les opérateurs économiques chargés d’exécuter les projets, les risques de sur-facturation et de commissions sont réduits. Toutes les infrastructures de mon village (Bandakagni Sokoura, s/p de Sandégué dans la région de Goutogo) sont le fruit des projets FRAR :

  • le centre de santé
  • la maternité
  • le marché
  • le bureau de poste
  • le foyer

C’est la nécessité de mobiliser les ressources locales qui a amené les membres de la diaspora à s’organiser en une mutuelle de développement en 1978.

Je me demande pourquoi ce mode de financement a été interrompu. Il serait bon que les autorités revisitent cette idée, quitte à l’adapter aux réalités d’aujourd’hui.

La question ethnique en Cote d'Ivoire

Je suis peiné par la situation politique de plus en plus nauséabonde à laquelle nos politiciens, que dirais-je nos pyromanes, sont en train de nous plonger. Que c'est pénible de voir leurs danses funestes ! Je suis plus même meurtri par ce que je lis et entends ici et là, surtout sur les réseaux sociaux, de la part de notre jeunesse. Il est clair que nous n'avons tiré aucune leçon de notre passé récent. Quel dommage ! Les mêmes causes produisant les mêmes effets, il faut craindre une redescente aux enfers. Tant pis pour ceux qui aujourd'hui croient dur comme fer que leur tour est arrivé ! Tant-pis pour ceux qui pensent pouvoir prendre leur revanche ou jouer leur match retour ! Tant pis pour ceux qui pensent qu'ils sont indéboulonnables et invulnérables et peuvent tout se permettre ! Tant pis pour tous ceux et celles qui regardent ces irresponsables allumer le feu et se tiennent coi dans leur coin ! Le feu une fois allumé, sera attisé et consumera tout le monde, à commencer par nous tous qui regardons les pyromanes faire leurs sales boulots. Nous avons pu apprécier la gestion de chacune des tendances politico-tribalo-régionales. Honnêtement, ils sont les mêmes, seule la manière change. La mauvaise gouvernance, avec son lot de corruption, de népotisme et que sais-je encore, date du temps du premier président. Chacun de ses successeurs a simplement ajouté sa touche personnelle correspondant au tempérament de ses suiveurs. Aux jeunes, je leur demande de mieux connaître l'histoire récente de la Côte d'Ivoire plutôt que de se contenter d'écouter les litanies des mêmes voleurs et pilleurs.

Il y a une chose que je retiens de l'Afrique indépendante, c'est son incapacité à aborder la question ethnique et régionale, droit dans les yeux, dans toute sa laideur ou sa diversité, - c'est selon le regard – et imaginer une approche pragmatique pour l'absorber dans la gestion du pays plutôt de faire la politique de l'autruche. Evidemment cela demande qu'il y'ait un leadership conscient de son rôle historique, en tant qu'avant-garde de la marche du pays.Par curiosité, j'ai cherché à savoir comment ailleurs dans le monde, différents pays qui ont fait face à cette réalité, y ont répondu. Je suis tombé sur la Malaisie. La Malaisie est un des dragons d'Asie qui a su émerger pour sortir sa population de la pauvreté. C'est une ancienne colonie Britannique qui a accédé à la souveraineté en 1957. Elle est multi-ethnique et multi-confessionnelle. Sa population se répartit entre 3 grandes familles ethniques : les autochtones Malais, les Chinois et les Indiens. Les 2 dernières ont été amenés par les Britanniques pour suppléer la main d'œuvre qu'ils n'arrivaient pas à trouver sur place. Les Malais sont très majoritairement musulmans, les Chinois bouddhistes et les Indiens hindous. Il y a une minorité Chrétienne. Pendant les périodes qui ont précédé l’indépendance et durant les premières années, le pays a traversé des périodes de fortes violences ethniques. Les Chinois, favorisés durant la colonisation, n’appréciaient pas la nouvelle gestion qui leur était très défavorable, entrainant des heurts avec la majorité Malaise.

Les leaders ont eu l’intelligence d’affronter ces problèmes non pas en se barricadant derrière des principes, mais en regardant les réalités en face. Ainsi, dans le choix du système politique, ils ont opté pour une monarchie fédérale constitutionnelle pour tenir compte de leur histoire, avec un roi et un premier ministre, chef de l’exécutif. En effet, avant la colonisation, le territoire était composé de plusieurs royaumes. Les royaumes ont ainsi pu conserver leur autonomie. Les britanniques avaient crée 2 colonies sur la côte et ont obligé les rois à signer un accord de protectorat avec la couronne. Comme il n’y avait pas un roi central, la classe politique a eu l’ingénieuse idée de créer un royaume avec un roi élu par un collège électoral composé des rois (les sultans) et le premier ministre. Le roi doit provenir forcement de l’une des 9 familles royales régnantes.

L’exécutif assurant la gestion des affaires publiques, ils ont pu contenter les minorités Chinoises et Indiennes. Les partis politiques ont été créés à l’image des groupes ethniques. Ainsi, il y a un parti qui rassemble la majorité des Chinois, un les Indiens et un autre les Malais à côté de plusieurs autres petits partis disparates. Dès l’indépendance, les politiciens se sont mis d’accord pour mettre un cadre de gestion consensuelle en créant une alliance des 3 grands partis. Cette coalition (ce n’est pas un parti politique) a dirigé la Malaisie de 1957 jusqu’aux dernières élections tenues en Mai 2018.

Les minorités Chinoises et Indiennes ainsi que plusieurs Etats à forte majorité musulmane ont voulu avoir un droit de regard sur l’enseignement que l’État a voulu mettre en place, avec l’école primaire devenue obligatoire. Et là encore, la solution a été de laisser une large marge de manœuvre aux Etats et aux collectivités. Il y a une base obligatoire à tous : le Malais est langue d’enseignement, une progression consensuelle, des objectifs définis que tous doivent respecter. Ceci a permis aux Indiens et aux Chinois d’élaborer un programme scolaire qui intègre leurs cultures. De même, certains états et certaines communautés ont intégré une formation religieuse Islamique dans leurs programmes scolaires. Toute école peut intégrer l’apprentissage d’une langue dans son programme s’il y a un nombre de parents d’élèves qui le demandent. Le quota minimum pour être pris en compte a été défini par le gouvernement fédéral. Comme on le voit, il y a une volonté de part et d’autre de trouver une solution à la situation qui a été et qui continue d’être la leur. Et c’est ce qu’on attend d’un peuple et de ses dirigeants.

Peut-être que ce jour viendra, mais en attendant, notre peuple a le pouvoir qu'il mérite, les dirigeants qui sont à l'image de notre société..

Abahebou Kamagate
Ingénieur en génie électrique à la retraite

Et si le président Alassane avait raison ?

J'étais au village depuis quelques jours, j'y passais des moments propices à la méditation et à la réflexion. Et cette nouvelle, qui n'aurait en réalité pas dû en être une, m'y a trouvé. Alassane Ouattara a décidé qu'il rendra le tablier à la fin de son mandat. Cela m'a fait jeter un regard sur le passé, faire une analyse rétrospective.

J'ai été, (le suis-je encore ?) très critique de sa politique. Aujourd'hui j'ai essayé de comprendre comment l'ancien Premier Ministre de Félix Houphouët-Boigny, devenu président, n'a même pas essayé de récidiver ce qu'il avait osé entreprendre pour éviter à la Côte la descente aux enfers en 1990. De par ma formation scientifique, j'ai appris la logique des choses, à dépasser mon moi pour essayer de comprendre les processus plutôt que de m'accrocher à ma conception et à ma vision. A partir de ce principe, j'ai fait un tour d'hypothèses qui pourraient être cohérentes et expliquer la politique du président Alassane Ouattara, fort contrastée avec celle du Premier Ministre Alassane Dramane Ouattara. Personnellement, ce n'est absolument pas cette politique qu'il a menée que j'aurais voulu pour la Côte d'Ivoire. La raison principale est qu'elle a laissé de côté des éléments qui me paraissent fondamentaux dans un processus de développement. Elle a ignoré l'être humain, acteur et bénéficiaire du développement. La lutte contre la corruption, le népotisme et tout ce qui va avec, n'a pas eu sa place dans son plan vers l'émergence. La moralisation de la vie politique et l'utilisation rationnelle des moyens financiers, humains et matériels de l'Etat sont restées en friche. Sur beaucoup de points, la rupture tant souhaitée n'a pas eu lieu, les mêmes phénomènes qui avaient cours sous ses prédécesseurs sont encore très vivaces. On peut épiloguer à longueur sur les insuffisances du système mis en place.

Pour tenter de comprendre la logique qui aurait guidé la vision du Président Alassane Ouattara, j'ai fait un rapide parcours mental de ce que je vois et entends aussi bien en zone rurale qu'urbaine, des échanges que j'ai eus avec certains jeunes, le raisonnement de notre élite intellectuelle. J'ai jeté un regard sur notre société, celle dans laquelle et pour laquelle toute politique nationale est destinée. Au bout de ce parcours, j'ai abouti à une théorie, qui m'a semblé cohérente, qui a pu soutenir les actions auxquelles nous avons tous été témoins depuis 2011. Cette théorie, la voilà (suivez la logique et non les mots). Elle obéit à l'impitoyable règle qui guide la quasi-totalité des politiciens, ce que certains appelleraient le machiavélisme ; cette façon de faire face à la réalité avec rationalité, réalisme et non avec utopie, idéalisme et émotion.

En 10 ans, il est impossible de changer en profondeur le rapport d'une société à sa culture ; et même quand on arrive à faire bouger les lignes, le résultat n'est perceptible que sur le long terme. Pour qu'il le soit, il s'agit, rien de moins que de se lancer dans une révolution. En Afrique, les rares expériences qui ont eu ou qui connaissent une suite que l'opinion publique considère comme un vrai succès sont celles du Ghana et du Rwanda. Dans les deux cas, elles sont le fruit d'une violence inouïe que les leaders ont été contraints d'utiliser pour faire accepter leur vision. Aucune révolution ne peut réussir si elle ne s'appuie sur un appareil sécuritaire discipliné et loyal. Au Ghana, Jerry John Rawlings a su s'appuyer sur une armée loyale dont il a pris soin d'extirper les mauvaises graines. Il a fait exécuter la quasi-totalité des officiers de l'Armée et de la Police ; ceux qui ont pu s'échapper se sont enfuis pour se réfugier à l'étranger. Les plus chanceux, surement ceux qui apparaissaient assez inoffensifs, ont été écartés et mis de côté. Au Rwanda, Paul Kagamé est rentré d'exil avec une armée très disciplinée qui lui était totalement soumise. En s'engageant dans une révolution, on se met à dos la quasi-totalité de la classe politique, la hiérarchie sécuritaire et une importante masse des dirigeants de l'appareil de production économique. Ce sont eux qui tirent le plus grand profit du système en place et n'ont aucune intention de laisser qui que soit leur ôter leurs avantages.

Quand Alassane Ouattara accède au pouvoir, il connait très bien ses ennemis. Quant aux amis, rien n'est sûr. Le PDCI, l'UDPCI et la rébellion sont à ses côtés conformément à une entente politique. Plusieurs cadres du RDR ne sont pas des garanties. On sait que quand certains n'arrivent pas à picoter dans le foin commun, ils deviennent très rapidement les pires dangers (Sankara en sait quelque chose). Le nouveau président, face aux péripéties qui lui ont permis d’accéder à la réalité du pouvoir exécutif, a dû conclure que ce serait à coup sûr se construire une armée d'ennemis et de potentiels trouble-fêtes que de vouloir continuer la même politique que quand il était Premier Ministre, surtout dans un contexte où l'appareil sécuritaire est le moins fiable. Quand il était Premier Ministre, c'est le Président Houphouët-Boigny qui assumait les conséquences politiques de ces décisions. Houphouët-Boigny maitrisait ses hommes et son appareil sécuritaire et politique, il pouvait prendre le maximum de risques. Alassane Ouattara a eu une bonne expérience du coût de cet épisode de sa vie. Incapable de s'attaquer à Houphouët-Boigny, il sait mieux que quiconque ce que particulièrement la classe politique d'alors lui a réservée. Quand on apprend bien sa leçon, on ne commet pas les mêmes erreurs.

Après avoir abouti à la conclusion qu'en 10 ans, il aurait eu une très faible chance de marquer son passage, il s'est défini une nouvelle trajectoire. L'urgence était de remettre le pays à flots après ce qu'a laissé la crise post-électorale ; ce qu'il n'avait, à mon sens, pas prévu. La deuxième priorité était la sécurité, s'assurer contre ses ennemis et ses amis. La potion magique pour les opposants a été un bon système de renseignements qui a permis d'anticiper et de déjouer toutes les tentatives de déstabilisation. Pour les amis, il fallait arroser certains avec des sommes sonnantes et trébuchantes, et pour d'autres ne pas les empêcher de s'adonner au sport favori des dirigeants depuis l'ère d'Houphouët-Boigny : la mangecratie. Bédié du PDCI et Soro de la rébellion ont été remerciés sans calcul. Les caciques du RDR, certains barons du PDCI et de la rébellion ont aussi connu les fastes de la République. A cette fin, des postes ont été créés presqu'à l'infini. Des ministères, des institutions, des directions générales et centrales, et que sais-je encore, ont été créés pour faire de la place à ce beau monde. Le Président Houphouët-Boigny disait qu'une bouche plaine ne pouvait pas parler. Et cette implacable vérité a fait ses effets. Pour couronner le tout et faire un peu plus de place à ceux du PDCI qui n'ont pu être casés, un Sénat a vu le jour. Dans un processus électoral, on n'est jamais trop sûr, alors le tiers des sénateurs sont nommés.

Alassane Ouattara a un gros ego, et ça se sent à mille lieues. Il tenait à pérenniser son passage, à marquer sa différence avec ses prédécesseurs, à marquer de sa pierre la Côte d'Ivoire comme il l'a fait lors de son passage à la primature. Quoi de plus visible que des édifices, des ponts et des routes. Des infrastructures visibles, palpables et présentables, cela laisse des traces. Avec la manne financière que ces gros investissements engendrent, il est sûr qu'en fermant les yeux sur la bonne gouvernance, il peut se créer une horde de laudateurs, barricader les services sécuritaires et desserrer la pression des donneurs de leçon occidentaux. Les laudateurs vont distribuer quelques billets de banques, faire quelques dons en nature et cela créera un effet domino pour s'étendre à une jeunesse déboussolée.

Alors pourquoi se lancer dans un combat qu’on n’est pas sûr de gagner plutôt qu'un qui peut élever dans le panthéon de l'histoire ? Aujourd'hui, presque personne ne parle de toutes les perversions du système Houphouët-Boigny. Et Dieu seul sait comment sur beaucoup de points il a été un facteur négatif à l'édification d'une Afrique responsable d'elle-même ! Comment il a été un complice accompli de la politique coloniale et a su être un moteur de la perpétuation de celle-ci. Servir son village, son clan c'est ce que les populations trouvent normal. Placer son neveu et sa cousine à des postes juteux, tel est le vœu de la majorité de nos concitoyens qui trouvent cela normal. Alassane est l'Houphouetiste le plus accompli. Il n'a certes ni le tempérament de son mentor, ni sa patience et surtout sa connaissance et sa maîtrise de la culture ivoirienne. Ce qu'il a appris le plus, c'est sa méthode. Le respect de la loi, la démocratie, la bonne gouvernance, tout cela dépend. Tout comme son mentor, il est au-dessus de tout, il agit comme un monarque absolu, il a de fortes relations extérieures, parmi les plus grands de ce monde, dans le monde des finances, des affaires et de la politique. Ce qui compte, c'est la stabilité du régime et la perception qu'en ont ses appuis extérieurs. C'est de l'Houphouetisme pur et dur.

Personne ne peut nier la réalisation des infrastructures. Sauveur pour beaucoup de ruraux qui voient en lui le messie qui a apporté l'eau et l’électricité à travers les pompes, les châteaux d'eau et la lumière qui illumine la rue dans leur village. L'histoire ne pourra nier les kilomètres de bitume, le nombre de ponts, les échangeurs. La baie de Cocody, le futur bâtiment de plus de 60 étages qui est en train de sortir de terre à la place de l'ancienne préfecture de police et surtout le train urbain d'Abidjan, sont les points d'orgue de ce qu'il veut laisser à la postérité. Les nombreux centres commerciaux qui ont vu le jour sont une attraction pour les acteurs de l'économie mondialisée. Ceux qui la contrôlent n'ont aucune envie de voir ce marché émergent s'effriter. Les marchés d'Europe et d'Amérique du Nord sont saturés. La massive intervention du secteur public fait envoler les ratios dont raffolent les analystes. Et Il faut de nouvelles frontières de croissance. La Côte d'Ivoire se trouve dans le haut du palmarès de la croissance. Alassane Ouattara a le soutien qui lui permet de maintenir, avec ou sans sa personne au premier poste, la continuité de sa vision. Il sera là, le temps de l'achever avant surement de se retirer aux Mougins. Que personne ne se leurre. Alassane Ouattara usera de tout ce qui est en son pouvoir pour que son successeur soit une personne loyale, une personne qui va poursuivre l'œuvre et non une personne dont la seule politique sera de se venger du passé, qui va passer tout son temps sur des dossiers judiciaires et une communication de diabolisation de son régime à n'en pas finir. Que personne ne se détrompe, ce ne sont ni les lois, ni les principes démocratiques ou de bonne gouvernance, ou encore de l'opinion publique nationale qui seront un frein. Alassane Ouattara, fera de façon acceptable par ses puissants soutiens, tout ce qui est possible pour empêcher le retour aux affaires de ceux qu'il considère comme les premiers responsables de la chute de la Côte d'Ivoire dans le ravin profond dans lequel il l'a repêché. Il ne toléra ni le PDCI version Bédié, ni le FPI de Gbagbo de reprendre la conduite de ce pays.

Avec ses grands chantiers, s'il réussit à transférer le pouvoir à son clan, on aura surement la tour Alassane Ouattara, le pont Alassane Ouattara et l'histoire pourra dire qu'il est le père du train urbain d'Abidjan. Et ça, je pense qu'il en sera content. Alors, avais-je raison de le pourfendre pour avoir laissé les coupeurs de rue (les coupeurs à col-blanc dans les bureaux feutrés) dans tous les carrefours ; ces hauts-fonctionnaires et politiciens qui ne sont jamais rassasiés et qui prennent un grand plaisir à maintenir leurs couteaux aiguisés en permanence pour découper une partie de toute viande qui passe devant eux ? Dans le fonds oui, mais l'honnêteté m'oblige à reconnaître qu'il est plus simple de renoncer à traverser le fleuve que de risquer sa vie en tentant de le faire quand on sait qu'il est infecté de crocodiles. Pour nous autres, chantres d'une Côte d'Ivoire moderne au sens de la gestion des affaires publiques conçues et mise-en-œuvre par les Occidentaux, nous avons encore de longs moments à attendre. Celui que nous voyions comme le sauveur qui allait remettre la Côte d'Ivoire sur le train de la modernité, a choisi de faire de la realpolitik.

Peut-être que ce jour viendra, mais en attendant, notre peuple a le pouvoir qu'il mérite, les dirigeants qui sont à l'image de notre société..

Abahebou Kamagate
Ingénieur en génie électrique à la retraite

Les dirigeants sont à l'image de leurs peuples

Nous étions étudiants à l'Ecole Polytechnique de Montréal au Canada, une des écoles les plus difficiles du Québec. C'était un weekend et nous étions obligés de bosser comme des dingues pour tenir le coup. A un petit moment de relâchement, un des étudiants, boursiers Ivoiriens comme moi, fait la remarque qu'à cet instant, les étudiants de l'université d'Abidjan devraient être en train de passer leur weekend en vadrouille (musique, boite de nuits, boom, etc).
Pour ceux qui ont connu le monde estudiantin au temps d'Houphouêt (avant les années 90 bien sûr), c'était une petite bourgeoisie. Logés, nourris et blanchis, avec des bourses qui étaient plus élevées que le smig, ils vivaient mieux que beaucoup d'employés. Et la belle vie était la meilleure part de leur quotidien.
Je fis la remarque que nous aurions fait exactement la même chose que les autres étudiants si nous étions à Abidjan. L'environnement Canadien, axé sur la réussite et le mérite, ne nous offrait aucun luxe de perdre de vue ce pour quoi nous étions au Canada.
Ce que je voudrais relever ici, c'est le fait que le même individu ait deux comportements différents dans deux environnements différents. C'est pourquoi j'insiste pour dire que, compte tenu de la mentalité des peuples de l'Afrique au sud du Sahara, Dr. Mahatir (de Malaisie) ou le Général Park Chung-hee (de la Corée du Sud) ou encore Lee Kuan (de Singapour), n'auront pu rien faire dans cette partie du monde, s'ils y avaient été les dirigeants.

La priorité de l'Afrique n'est ni dans la mise en place de mille et une institutions, ni de voter des lois, ni de construire des infrastrutures. La priorité des priorités est d'avoir un peuple dont la mentalité épouse les principes du respect des institutions et des lois, s'approprie la chose publique, se donne les moyens de choisir ses dirigeants et les moyens de contrôler leurs actions. Ce n'est qu'à ce prix que les energies seront libérées.

Les dirigeants sont à l'image de leurs peuples.

Nous sommes tous victimes

Je suis né dans un village de la région de Bondoukou où j'a fréquenté l'école primaire. Je vais au collège dans la grande ville de la région et je suis transféré au Lycée à Bingerville. Après mes études supérieures, je m'installe à Abidjan pour y travailler. Ce cheminement est presque celui d'un grand nombre de mes compatriotes Ivoiriens. Avais-je le choix ? Non ! Je ne suis pas venu au sud parce que j'avais envie d'y venir. M. Laurent Gbagbo n'a pas choisi de quitter Maman pour s'installer à la Riviera parce qu'il en voulait ainsi; M. Henri Konan Bédié n'a pas choisi de quitter son village près de Daoukro pour s'installer à Cocody; il n'avait pas le choix ! Le choix s'est imposé à nous. Les habitants d'Anono, d'Abobo Baoulé et de Jacqueville n'ont pas invité ceux qui se sont installés chez eux; en avaient-ils le choix ?

Nous sommes tous des victimes

Quand les Français se sont emparés des territoires Africains, ils n'ont pas demandé l'avis de ceux qui y habitaient. Ils ont découpé, aménagé, structuré et développé l'espace selon leurs intérêts. Au bout de la ligne, ils ont facilité, sinon organisé le mouvement migratoire selon leurs intérêts économiques. Le réseau de transport orienté du nord au sud en est un témoignage poignant.

Nous sommes tous des victimes

Le modèle économique choisi par le 1er président Félix Houphouët-Boigny s'est bâti sur l'exigence d'une main d'oeuvre disponible et pas chère; ce choix a légué une prospérité économique et un afflux de migrants. Le flou dans la définition de la nationalité dans le 1er code de la nationalité de 1961, la corruption généralisée dans l'administration, le paternalisme et l'insouciance de la population ont distordu la notion juridique de nationalité en la confondant souvent avec celle d'étranger (c'est-à-dire celui qui est venu d'ailleurs).
Tant que l'économie permettait à chacun d'avoir son pain, cette confusion n'a pas déchiré le tissu social. Quand les terres ont commencé à se faire rare, l'administration incapable d'absorber le flot des jeunes diplômés universitaires, l'économie ne pouvant offrir un emploi à tous qui en avaient besoin, c'est l^que le navire Ivoire à commencer à chavirer quand certains politiciens ont fait "des étrangers" leur fond de commerce.

Nous sommes tous des victimes

Le plus grand problème de la Côte d'Ivoire, ce ne sont pas les étrangers (ceux qui n'ont pas la nationalité Ivoirienne). Le plus gros défi, c'est la cupidité et l'affairisme de ceux qui ont un brin de pouvoir : du ministre qui exige sa part avant de signer un contrat, du technicien du service de contrôle automobile qui fait échouer celui qui ne lui verse son "dû", du technicien de la Sodeci qui ferme les yeux sur les pirates d'eau dans les quartiers après avoir reçu son sursalaire, de l'agent de sous-préfecture ou de la mairie qui ne se fait aucun scrupule en prenant un pourboire pour changer un acte de naissance ou en établir un nouveau; la justice qui prend des décisions pas toujours justes.
Quand des pans entiers de l'économie nationale sont contrôlés par des étrangers, il faut faire une lecture introspective et en comprendre les raisons profondes.
L'hypocrisie, face à cette situation, est la seule chose que se partagent tous les partis politiques. Leurs militants et leurs dirigeants ne voient le mal que quand ils en sont victimes. La constitution, version Guei, était décriée par Gbagbo quand il était opposant; il en est devenu un farouche défenseur une fois au pouvoir. Les surfacturations et les gabegies décriées avec tant de vigueur par les militants du RDR quand Bédié était au pouvoir, ont trouvé une justification une fois que leur parti est au pouvoir. Ceux, pour qui la raison du plus fort est la meilleure sous Gbagbo, crient aujourd'hui à la partialité de la justice quand leur parti a perdu le pouvoir.

Nous sommes tous des victimes; nous exigeons de nos responsables

La Côte d'Ivoire a besoin d'une onde de choc pour pouvoir faire face aux vrais défis que constituent les fléaux susmentionnés. Le problème des étrangers trouvera une solution idoine quand le peuple Ivoirien aura une conscience aigüe de la loi, de l'Etat et de ceux qui l'incarnent. Quand le peuple attend du ministre, du maire ou du DG une générosité sans borne, qu'il participe avec de gros montants à toutes les funérailles, baptêmes; qu'il paye les ordonnances de tout un village; qu'il dorlote les notables, les chef religieux, les chef traditionnels; qu'il parraine avec des montants sonnants et trébuchants toutes les activités des jeunes et des femmes; il faut bien que celui ou celle-ci trouve cet argent quelque part car son salaire ne peut pas suffire.

Nous sommes tous coupables

L’illusion de la liberté

Aujourd’hui toute la planète terre vit dans un monde virtuel. Et une des conséquences de ces nouveaux espaces est la création de « communautés virtuelles », dont les membres ne communiquent qu’entre eux et finissent par ignorer le monde extérieur à leur espace. Même les vérités les plus évidentes sont désavouées. Les spécialistes de la manipulation s’en servent et incitent les membres du clan « virtuel » à plus d’extrémisme et à moins de tolérance. Cela s’observe à tous les niveaux de la vie sociale. Les groupements sont aussi bien politiques, économiques, religieux et géographiques. Ce phénomène a généré une rupture du dialogue social dans beaucoup de pays. La démocratie politique, centre de l’art du compromis, a perdu de sa splendeur. A la manipulation de l’establishment politique, militaire, économique et financier, répondent les populistes de tout-bord : nationalistes et idéologues de droite et de gauche dans le monde occidental, pseudo-nationalistes et tribalistes en Afrique. Chacun est totalement sûr que « sa vérité » est la vérité absolue, la norme.

Ce nouveau phénomène a et aura des impacts très importants sur la société et remet totalement en cause celle que l'être humain a connu depuis son apparition sur cette planète terre. La géographie a été le 1er facteur ayant contribué à l'installation d'un groupe d’individus en un endroit, d’y vivre et de former des foyers. Au 18è siècle, la distance moyenne qui séparait les membres d’un couple (homme et femme) était d’environ 40 kilomètres, c’est-à-dire la distance qu’un individu pouvait aisément parcourir à pied une journée . Aujourd’hui, il n’y a même plus de limite dans le monde virtuel. Des couples se forment entre des individus séparés de plusieurs milliers de kilomètres et qui se sont rencontrés à travers les réseaux sociaux. Les notions d’espace et de temps ont totalement perdu de leur sens historique.

L’impact de ces médias sociaux, outil par excellence des espaces virtuels, reste encore inconnu sur la société. De nombreuses études et recherches y sont consacrés tendant à mieux les comprendre. Les médias sociaux fonctionnent d'abord comme un espace de communication et d'échanges, s'appuyant sur le réseau internet. Il est utile de s'arrêter un peu sur comment tout ce système est organisé et fonctionne. Il y a l'ossature internet, qui est comme l'indique le nom en anglais, un ensemble de réseaux de communication, interconnectés entre eux dans le monde entier. Les supports sont aussi bien des câbles en fibres optiques que des réseaux de satellites. Les informations transmises sous forme de texte, d'images, d'audio ou de vidéos, sont transformées en ondes électriques et transmises à la vitesse de la lumière. Ainsi toute information est capable d'atteindre n'importe quel endroit du globe, à partir de n'importe quel autre, en fractions de secondes. Il est devenu possible à n'importe qui, doté de l'équipement approprié, d'entrer en contact avec n'importe qui, partout dans le monde, du plus petit hameau au plus grand centre métropolitain. Aujourd'hui, les moyens d'accès à Internet se sont démocratisés, disponibles partout et à la portée de presque toutes les bourses. Leur utilisation est simplifiée au maximum, permettant à ceux qui n'ont aucune connaissance technique de se l'approprier.

La réalité de ce nouveau mode de communication - que dis-je - de vie, n'est connu que par une frange très faible des utilisateurs. Comment a-t-il été possible à des sociétés comme Google ou Facebook, qui ont utilisé un modèle économique atypique, à savoir, la gratuité de leurs services, d'accumuler une si grosse fortune, au point de figurer en un temps très court parmi les plus grandes entreprises mondiales ? A la base, il y a les immenses bases de données, dans lesquelles chaque utilisateur est identifié, toutes leurs activités et leurs contenus sont enregistrés. La gestion de cette importante masse de données, que les spécialistes appellent "big-data", a nécessité la mise au point de nouveaux outils appelés "data-mining" . En effet, le contenu de ces bases de données ressemble à une mine dans laquelle sont enfouies des données qu'il est loisible d'explorer et de traiter pour en sortir des produits finis et vendable sur le marché. Le « data-mining » est une discipline qui s'est développée autour de ce concept et est intégré dans les programmes de formation en informatique et dans les disciplines connexes. Les nouvelles multinationales dans le secteur des médias sociaux puisent la plus grande partie de leurs revenus en vendant de façon très élaborée ces données traitées. Inconsciemment, les utilisateurs payent l'utilisation gratuite en fournissant à ces entreprises les moyens de les suivre, et grâce à des algorithmes très sophistiqués de définir leur profil. Avec de plus en plus de l'intelligence artificielle, le marquage s'affine et devient plus pointilleux et précis. Les organisations gouvernementales et privées s'en servent pour faire du renseignement, de la propagande ou de la publicité.

Quelques exemples, rapportés par les médias, illustrent l'ampleur de l'utilisation des données récoltées sur les réseaux sociaux. La campagne présidentielle de Barak Obama en 2012 qui a fait un usage très extensif des réseaux sociaux en est une bonne illustration. Voici ce qu'en rapporte le journal en ligne « lesechos.fr » dans son édition du 13/12/2012 : « l’une des innovations digitales les plus déterminantes a sans doute été la collecte d’un grand nombre de données destinées à motiver les votants. Un programme de "targeted-sharing" qui permettait d’intéresser les amis, connaissances et relations éloignées des partisans d’Obama à travers des messages personnalisés envoyés via Facebook, le téléphone ou d’autres moyens en ligne. Teddy Goff estime que près de 5 millions de votants ont été contactés de cette façon, des jeunes pour l’essentiel. » L'équipe en charge de la campagne digital a élaboré un système prenant appui sur les fichiers électoraux (électeurs et résultats des élections précédentes), les données des médias sociaux entre autres Facebook, Twitter et Snapchat. A l'aide d'un algorithme conçu à cet effet, il leur était possible de pourvoir aux activistes sur le terrain, aux analystes politiques et stratégiques, des informations ciblées. Cette même approche est utilisée par les compagnies de marketing et de publicité pour atteindre leurs cibles.

Les entreprises les plus importantes qui détiennent et gèrent les médias sociaux sont essentiellement américaines. A part quelques exemples, tous les réseaux interconnectés, tous les centres de gestion des « big-data », éléments qui rendent possible et facilitent le transport et la diffusion des informations, ont un élément en commun : leur point névralgique est situé aux Etats-Unis d'Amérique. Lorsqu'une personne localisée par exemple à Abidjan communique avec une autre localisée à Soubré en utilisant un de ces médias sociaux (Facebook, Messenger, WhatsApp ou tout autre), les informations transitent par des serveurs situés aux Etats-Unis. C'est une vraie arme à la disposition de cette super-puissance dont les services de renseignement s'en servent à merveille. Le scandale suscité par l'affaire Edward Snowden, cet informaticien travaillant à l'Agence Nationale de Renseignement (NSA) qui a rendu public le travail effectué par cette agence, a permis de mettre en évidence ce que pouvait être obtenu à partir de ces « big-data ».

La partie visible de l'iceberg socio-technologique est l'usage qu'on en fait. Que de facilités les nouvelles technologies ont rendu possible ! Il faut se rappeler combien pouvait coûter, il n'y a pas si longtemps, une communication téléphonique à partir de la Côte d'Ivoire vers Europe, les Etats-unis et même les pays limitrophes. WhatsApp, Skype et les autres sont arrivés. Ils ont tout simplement chamboulé le système et ont créé de nouvelles normes. Il est maintenant possible de converser avec la personne qu'on aime pour presque rien, bien sûr en enrichissant le « big-data ». Mais qui s'en occupe ! Cette facilité permet des choses inimaginables il n'y a pas trop longtemps. Les entreprises de vente en ligne ont complètement restructuré l'industrie du commerce de détail, l'accès à l'information est facilité par les moteurs de recherches au point d’avoir créé un nouveau mot : googler. Le plus fantastique et aussi le plus inquiétant est le fait d'avoir donné la possibilité à tout un chacun de s'exprimer et de se faire entendre, il n'y a presque plus de censure. Ceux qui, à cause de la nature de leur propos, aurait eu de la difficulté à faire entendre leur voix, ont désormais des plates-formes pour s'exprimer. Ceux qui, assis dans leur coin, ruminaient leur désarroi, leur haine, leur angoisse et leur solitude, trouvent des voix, parfois à mille lieues, qui donnent un écho à la leur, leur donnant de l'amertume ou de l'espoir. Ils acquièrent de la vigueur pour construire, détruire, insulter, glorifier, débiner, bref de faire ce qui leur passe par la tête. Les méchants, les loups, les poètes, les philosophes, les analystes : bref, tout le monde a la possibilité de s'exprimer. Le "bilakoro”, caché derrière son clavier, peut insulter, vilipender sans se sourciller et sans conséquence, le puissant roi, le président autoritaire, le leader charismatique. L'ignorant peut contester les propos de l'érudit ! C'est la foire à tous les propos.

La propagande de toutes sortes d'idéologie et de religions abondent. Les groupes se prolifèrent à souhait. Ainsi se côtoient les discours de la haine et de l'amour, du fascisme et de la démocratie, de la liberté et de la dictature. Tout le monde peut s'exprimer, dans un vacarme et un brouhaha indescriptible que les moteurs de recherche et les algorithmes sophistiqués tentent de dompter. Ainsi va ce monde des nouveaux médias. Pour s'y retrouver, une nouvelle filière, la gestion de médias-sociaux, a vu le jour afin de mieux cerner ce tohu-bohu. Ceux qui s'en spécialisent sont employés par les entreprises, les hommes politiques ou encore les vedettes de toutes sortes de domaines pour gérer leurs comptes sociaux.

Les crises Ivoiriennes : la voie divine

Il y a quelques jours, je méditais sur le sort de la Côte d'Ivoire : comment en est-on arrivé là où nous sommes ? Après un bon moment de méditation, il m'a semblé qu'il existe une force invisible, très forte, irrésistible et je dirais même mystique; oui l y assurément une dimension divine dans la folle course de la Côte d'Ivoire vers son destin. En 1989, alors que la plupart des analystes politiques pensent que le régime du parti unique PDCI-RDA est proche de sa fin, une "voix divine" pousse le président d'Houphouet-Boigny à faire appel à une personne à laquelle personne ne pensait : le gouverneur de la BCEAO qui est appelé en urgence pour éteindre les braises et permettre au prince héritier de s'asseoir sur le fauteuil royal en temps opportun. C'est le début de la mise en œuvre de l’œuvre divine pour la Côte d'Ivoire avec en trame, le destin d'un homme. Cette voie divine devient le point commun à toute la tragédie de la Côte d'Ivoire. Tous ceux qui veulent le pouvoir sont hypnotisés, pétrifiés par cette force de la voie divine : ils ne voient plus rien, ils ne raisonnent plus ; ils deviennent comme cet individu, qui au détour d'un chemin, fait face à un animal féroce ; il ne peut avancer, ni reculer ; tout son esprit est tourné vers l'animal dont dépend sa survie.

Premier décor

Quand le prince héritier, arrive au pouvoir, il est pris dans la tourmente, enivré par la force "mystérieuse" qui le pousse comme une tempête, à détruire son propre régime. Quand il pense avoir encerclé la "force mystérieuse", il est incapable de voir "les jeunes gens" qui, comme un tourbillon, arrache le toit de la maison, mettant la nudité du prince au grand jour. Tout ce qui lui restait, c'était la fuite, pour cacher la nudité du regard des sujets.

Deuxième décor

Le Général, le diplômé de Saint-Cyr, arrive à la rescousse ; il est pris dans le tourbillon de la même "force mystérieuse". Alors que toutes les portes de la gloire lui sont offertes, il est lui aussi hypnotisé et perd le sens de la raison. Il signe un pacte du diable avec ses ennemis qui font tout pour qu'il se sépare de ceux qui assurent sa sécurité. Sans défense, et comprenant trop tard au moment où ceux qui l'ont convaincu d'être ses protecteurs enfonçaient sa dernière défense, il est balayé rapidement. Ce qu'il convient de noter ici, c'est que comme le prince, le général, emporté par la "force mystérieuse", n'a pu peut identifier ses vrais ennemis qu'après sa chute.

Troisième décor

L'intellectuel, l'historien arrache par des manœuvres "calamiteuses" le pouvoir ; encore une fois, le destin joue encore sa partition. La même tragédie qui a emporté les deux précédents régimes resurgit. Comme dans un film ou une pièce de théâtre, l'acteur joue sa partition ; le même aveuglement, le même entêtement, les mêmes erreurs ; comme si l'historien était incapable de lire l'histoire. Ici encore, l'acteur ne peut lire les réalités, il n'est pas maître de son propre destin ; il est emporté par une violente tempête. Que retenir ? Tout ce qui s'est passé n'est au final, que la résultante de ce qui est au-delà de nous, de nos forces, nos plans. Ce ne sont ni les errements de ceux qui ont accédé au pouvoir, ni la puissance de celui qu'ils considéraient comme leur ennemi : chacun jouait simplement sa participation comme une pièce de théâtre. Autant il est possible de relever les erreurs des tenants du pouvoir, autant il est facile de relever les faiblesses de leur adversaire.

Analyse

Juste une analyse pour expliquer comment cette force a aveuglé, inhibé la raison et guide les acteurs à leur propre perte. L'élection présidentielle de 2010, que ce serait-il-passé si les refondateurs n'avaient pas perdu leur sens de la raison ? Prenons le scénario suivant : Après le 1er tour, les refondateurs, élèvent des vives protestations sur le vote dans les zones CNO, contrôlées par les forces rebelles. Après le deuxième tour, ils récidivent tout en laissant la commission électorale opérer normalement. Ses représentants dénoncent les insuffisances de la commission centrale de la CEI. Le candidat LMP dépose des réclamations auprès du Conseil Constitutionnel selon les procédures de la loi. le Conseil Constitutionnel fait un travail selon les règles avant de proclamer les résultats. Elle reconnaît les requêtes du candidat LMP et annule les résultats dans les circonscriptions qu'elle aura choisies. Conformément à l'article 64 du code électoral, "Dans le cas où le Conseil constitutionnel constate des irrégularités graves de nature à entacher la sincérité du scrutin et à en affecter le résultat d’ensemble, il prononce l’annulation de l’élection".

Dans ce scénario, la loi est respectée et la communauté internationale aurait été dans l'embarras. Mais le destin étant tracé, cette approche n'a effleuré aucun esprit. Ce qui devait arrivé, arriva et personne n'y pouvait rien. C'est ma conclusion. Alassane est là par la volonté de Dieu car tout a été fait pour l'en empêcher. Ce ne sont point ses actions qui lui ont permit d'être là, c'est son destin.

Fonds Régional d’Aménagement Rural

FRAR ! Ce sont quatre lettres qui ont une signification importante pour une tranche de la population : celle qui a connu le régime du Présid...