Différence entre Alassane Ouattara et Laurent Gbagbo

Gbagbo a accédé au pouvoir dans des conditions calamiteuses, avec des centaines de corps gisant dans les rues. Il avait pour soutien toute la communauté internationale qui se réjouissait du départ de l’armée. La France du premier ministre socialiste Jospin était à ses côtés. Il avait le soutien d’une frange très importante des Ivoiriens qui espéraient la fin de l’anarchie qui prevalait et permettrait l’avènement d’une vraie démocratie en Côte d’Ivoire.

Il avait aussi ses ennemis à commencer par les partisans du général Guéi qu’il venait d’évincer du pouvoir, les militants du RDR qui ont subi le courroux de ses partisans pour avoir osé réclamé dans la rue, l’annulation de l’élection présidentielle et l’organisation d’une nouvelle à laquelle leur candidat Alassane Ouattara pourrait participer.

Il y avait ceux qui observaient : certains des jeunes putschistes qui ont fui les exactions et se sont exilés au Burkina voisin. Ils attendaient des garanties pour retourner dans leur pays. Il y avait les ressortissants des régions du nord de la Côte d’Ivoire qui se sentaient humiliés et exclus avec la politique d’ivoirité et qui attendaient que le nouveau pouvoir tourne définitivement le dos à cette politique. Il y avait la France et plusieurs opérateurs Français qui attendaient la nouvelle politique économique et financière.

Qu’a fait Laurent Gbagbo et son régime ? Ils ont simplement ignoré tout le monde, amis comme ennemis et comme un taureau, ont foncé tout droit dans leur refondation. Ils n’ont pas pu entendre les récriminations des intérêts Français, ni prêter attention aux signaux de Blaise Compaoré ; ils étaient sûrs d’eux, l’armée est aux gardes, les jeunes patriotes sont dans la rue, rien ne peut arriver. N’ayant pas pu prévoir la rébellion, ils n’ont pu la prévenir et ont été incapables de la mater.

Aujourd’hui, le mentor est à la Haye sans ses épouses dont une est quelque part en Côte d’Ivoire et l’autre quelque part dans le monde. Boga Doudou est au cimetière avec des milliers d’autres Ivoiriens et non Ivoiriens ; certains partisans de Gbagbo errent au Ghana, d’autres se tournent les méninges en Côte d’Ivoire pour savoir ce qu’il faut faire. En 10 ans, presqu’aucune réalisation n’a pu être rélisée, un bilan véritablement négatif.

Alassane arrive au pouvoir dans des conditions calamiteuses enfourchant des milliers de corps jonchant les rues d’Abidjan et alentour, de l’Ouest pour ne citer ces zones. Il a des amis et des ennemis. Ses partisans sont euphoriques avec la fin de presque 20 ans de souffrance. La communauté internationale est aux anges, pour une fois le « machin » (ONU) a réussi à imposer sa décision. La France de Sarkozy est aux anges, la paix et la stabilité peuvent revenir en Côte d’Ivoire. La très grande majorité des Ivoiriens sont ravis par la fin d’une situation qui était devenue intenable. Il y avait aussi les ennemis : les miliciens et jeunes patriotes qui pullulaient partout, les militants du parti du président déchu Laurent Gbagbo. Il y avait ceux qui, bien que partie prenante regardaient attentivement le partage du butin : les dozos, les rebelles et tous leurs supplétifs, les partis ayant soutenu sa candidature. Il y avait aussi bien sûr les intérêts économiques et politiques Français

Qu’a fait Alassane ? Il a d’abord identifié les forces et les faiblesses des partisans et des adversaires, évitant de foncer comme une bête enragée. Il s’est occupé à stabiliser les forces de sécurité, donner des gages à ses partenaires, collaborer avec ceux des fonctionnaires qui ont accepté de se mettre à la disposition de l’Etat, éloigner dans des prisons ou des centres de résidence surveillée les  irréductibles qui présentaient un danger pour la paix et la sécurité, surveiller les exilés en relation étroite avec les pays d’accueil. Bref, il a fait sien la célèbre citation du président Houphouët selon laquelle la politique est la saine appréciation des réalités.

Il est toujours au pouvoir et va facilement gagner les élections. Il n’a pas résolu tous les problèmes, mais il a pu remettre la Côte d’Ivoire sur les rails. La Côte d’Ivoire résoudra ses profondes contradictions internes lorsque les institutions seront suffisamment fortes et stables, ce à quoi, j’espère bien, il s’attèlera lors de son deuxième mandat.

Cette présentation met en évidence la qualité de leadership de l’un et de l’autre. Un leader est celui qui peut prévoir, prévenir et faire face à l’imprévu. L’un a foncé tête basse avec ses convictions sans tenir compte des réalités et est rentré dans le mur. L’autre, fait sien de tout son environnement national et international, ce qui lui permet d’avancer prudemment, mais sûrement.

Abahebou Kamagate

Pour une numériastion des transactions financières

S’il y a une chose qui m’écoeure et que je n’arrive pas à comprendre, c’est le problème de monnaie en Côte d’Ivoire. C’est un casse-tête permanent pour tous les Ivoiriens. Prendre un véhicule de transport en commun, effectuer un achat dans la boutique du quartier, faire ses emplettes dans les grands centres commerciaux, payer son ticket de parking à l’aéroport, c’est toujours la même chanson que l’on entend : pas de monnaie. Le pire, ce sont les banques. Eh oui ! Même les banques n’ont ni les pièces, ni les coupures de moins de 5000fcfa. Dans les cours que j’ai eu en finances, on m’a expliqué que la banque centrale détermine la quantité de billet à mettre en circulation sur la base des besoins de l’économie, les fabrique et les met à la disposition des banques commerciales qui à leur tour les rendent disponible à la population. Est-ce possible qu’il n’y ait pas d’économistes compétents dans la première économie de l’UEMOA pour estimer les besoins en monnaie ? Comment se fait-il que la BCEAO ne puisse pas régler ce phénomène qui persiste depuis si longtemps? A qui profite le manque de monnaie ? Sûrement pas à la population.

Si tant est que cette situation est difficile à résoudre, ne serait-elle pas une opportunité pour tourner résolument vers une solution sans argent physique ou à tout le moins le moins possible? Au fait, pourquoi les autorités financières ne prôneraient-elles pas au plan national et même au sein de l’espace UEMOA, la promotion d’une solution de numérisation des transactions ? Les technologies de l’information et des télécommunications offrent des solutions et sont une aubaine et une opportunité à saisir. En effet, avec les solutions de transactions financières par les téléphones mobiles, sur internet et avec les cartes à puces, il existe toute une panoplie de moyens adaptés aux différents besoins. Pour les opérations de tous les jours, la solution mobile est un moyen très approprié. Le téléphone mobile est présent dans toute la Côte d’Ivoire, des quartiers précaires d’Abidjan aux campements les plus reculés. Cela est un très grand avantage qu’il faut exploiter. Vivement que tous les acteurs du système financier y croient. La monnaie électronique est très possible et requiert simplement une bonne volonté en prenant certaines dispositions et mesures afin qu’elle rentre véritablement dans les meurs.

Le premier obstacle est la méfiance ; pour le lever, il faut créer un environnement de confiance pour rassurer tous les utilisateurs en mettant en place un cadre réglementaire qui garantisse les transactions et offre un moyen de gestion des réclamations et des conflits à l’instar de ce qui existe déjà au niveau des transactions bancaires classiques.
Le deuxième obstacle est l’impossibilité de faire des opérations inter-opérateur. En effet, il est impossible de transférer de l’argent par exemple d’un compte Orange Money vers MTN Mobile Money et vice-versa. Il est indispensable de permettre ce type de transaction.En outre, un usage courant requiert un moyen de traçabilité des transactions, la possibilité d’avoir un relevé, de donner une description à la transaction, ce qui facilitera une meilleure compréhension et surtout leur comptabilisation.

Il est temps, grand temps d’aller vers le 21è siècle, il est temps de sortir de cette situation inconfortable qui fait perdre régulièrement des ventes à des opérateurs économiques et de l’argent à la population (c’est tellement fréquent de laisser à la caisse le change de 25, 50 ou plus faute dit-on de monnaie ; Il m’est arrivé à plusieurs occasions de renoncer à un achat simplement parce que le commerçant dit qu’il n’a pas de monnaie) . La monnaie électronique est à nos portes, tirons-en profit.

Par Abahebou Kamagate
Ingénieur à la retraite
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