Confusion entre l'Etat et les partis politiques : cas des visites d'Etat en Côte d'Ivoire

Il y a quelques semaines, le président de la République de Côte d’Ivoire effectuait une visite d’Etat dans les régions de l’Agneby-Tiassia (départements d’Agbovile et de Tiassale) et de la Me (départements d’Adzopé, d’Akoupé et d’Alépé). Cette visite a connu un immense succès populaire. Les journaux et analystes proches du Rassemblement des Houphouetistes ont estimé que cette mobilisation massive est la démonstration d’un virage politique des populations de ces régions. Pour eux, c’est un signe de réalignement politique et un démenti formel à l’idée que ces zones soient des bastions du FPI. Loin de moi l’idée de nier cette manière de voir, je voudrais simplement déplorer cette attitude de confondre l’institution et l’individu qui l’incarne, la République et les partis politiques, les intérêts nationaux et les intérêts partisans. Bref, c’est cette incapacité à faire la différence entre le privé et le public qui pose problème.

Le président Alassane Ouattara a effectué une visite financée par l’argent de tous les contribuables. Il n’a pas été reçu ni en tant que président ou candidat du RDR, ni comme président du RHDP, mais en sa qualité de Président de la République, chef de l’Etat. Recevoir le président de la République non seulement c’est honorer l’institution qu’est la présidence, mais aussi et surtout c’est faire preuve de civisme. Il est vrai que l’individu qui incarne la fonction peut susciter un engouement qui soit conforme à sa propre popularité; il faut cependant éviter de tomber dans l’amalgame. Ce d’autant que ce type d’interprétation empêche ceux et celles qui ont un autre point de vue de se comporter en citoyens de peur de se faire accuser de vendus ou de malhonnêtes. C’est ce type d’interprétation qui est une des sources des crises électorales que nous connaissons trop souvent parce que les résultats sortis des urnes sont trop différents de la conclusion tirée par les états-majors à l’occasion de ce genre de visite ou d’activités des représentants de l’Etat. L’ex président Gbagbo, pour avoir cru à ces mêmes scènes d’accueil populaire a été facilement convaincu que les résultats de l’élection présidentielle de 2010 dans les régions du Nord ne pouvaient être crédibles. La suite on la connait.

La République et les populations Ivoiriennes seront mieux servies par les médias et les politiciens en évitant ces lectures pernicieuses, aux conséquences dangereuses pour la cohésion et la paix.

Par Abahebou KAMAGATE
ingénieur à la retraite

Le danger qui guette le régime du président Ouattara

La Côte d'Ivoire a vécu des moments très tumultueux, atteignant le summum lors de ce qu'on a appelé la crise post-électorale. Comme on dit, « à quelque chose malheur est bon », les Ivoiriens ont pu voir à l’œuvre successivement les principaux acteurs politiques de la fin du régime de Félix Hopuhouet Boigny :

  • le président de l'Assemblée Nationale et successeur constitutionnel à la présidence de la République, Henri Konan Bédié
  • le premier Ministre, Alassane Dramane Ouattara
  • le principal chef de l'opposition politique Laurent, Koudou Gbagbo
  • le chef d’État Major des forces armées nationales, le Général Robert Guéi

Certes de nouveaux acteurs sont apparus, issus essentiellement du monde estudiantin forgé par la Fédération Estudiantine et Scolaire de Cote d'Ivoire (FESCI), Guillaume Kigbafori Soro et Blé Goudé pour ne citer que ces deux-là. Chacun des acteurs, dans des circonstances particulières, a montré ce qu'il pouvait faire pour la Côte d'Ivoire. A ce stade, je voudrais souligner un point important : un leader est celui qui sait prévoir, prévenir et faire face à l'imprévu. Celui qui ne peut accomplir ces trois missions ne mérite pas d'être leader. Un petit regard sur les acteurs pour nous situer.

M. Bédié n'a pu comprendre quel pouvait être les effets d'une tribalisation de la gestion de l’État et n'a pu anticiper ses conséquences qui l'ont emporté.

Le Général Guei n'a pas compris l'environnement politique que lui a légué le coup d’État. Il s'est fourvoyé et cela lui aura coûté son pouvoir et sa vie.

M. Gbagbo, quant à lui, obnubilé par sa volonté de refondre la Côte d'Ivoire à sa vision ethno-régionale, n'a pas compris que plus d'un siècle après la colonisation et plus de 50 ans après l'indépendance, la Côte d'Ivoire n'est pas un territoire peuplé uniquement par des gens issus des tribus dites « de souche ».

M. Ouattara est au pouvoir, il s'attelle à la reconstruction économique ; prendra-t-il en compte toute la complexité de la Côte d'Ivoire ? Seul l'avenir nous le dira.

A ce stade de notre aventure en tant que communauté d'un même Etat, chacun d'entre nous peut tirer les conclusions de ce que notre pays a vécu dans son histoire récente. Pour moi, je retiens simplement que nous avons reculé sur beaucoup de plans, la sécurité étant la plus importante. Aujourd'hui, je crois sincèrement que la priorité des priorités doit être l'avènement d'un environnement dans lequel les personnes vivant dans notre pays peuvent se sentir en sécurité. En analysant ce passé récent et en jetant un regard sur ce qui se passe aujourd'hui, il me semble important que les acteurs politiques assument au minimum leur responsabilité historique. C'est pour cette raison que je voudrais lancer cet appel

La Côte d'Ivoire a basculé dans ses périodes sombres parce que les différents régimes qui ont succédé à celui du président Houphouët n'ont pas fait l'effort de comprendre les réalités socio-économiques de leur temps ; ils ont confondu leurs fantasmes et leurs idéologies avec ce qu'est la réalité de la Côte d'Ivoire.

Mon appel du cœur est que nous ne revivions plus ces moments douloureux et pour cela, il est vital et indispensable qu'un environnement un peu plus stabilisé et assaini soit créé pour permettre une activité politique qui ne soit vecteur de guerre.

Depuis la fin de la crise post-électorale et l'accession au pouvoir du régime RHDP, j'ai lu et écouté plusieurs déclarations des membres de l'opposition politique issus du Front Populaire Ivoirien (FPI) et des organisations qui lui sont proches. Ce qui me frappe, c'est que personne parmi eux n’accepte ne serait-ce qu'un minimum de responsabilité dans toutes les atrocités que le pays a connu ; tout est la faute des autres. Et le plus triste, c’est cette incapacité des intellectuels à faire une analyse critique de l’échec de la politique de refondation. Oui, la rébellion y est pour quelque chose, mais ne s’arrêter qu’à ça, ressemble à une myopie politique ou tout simplement à une malhonnêteté. Quand au pouvoir en place, le danger qui le guette est le manque de signe tangible de lutte contre la mauvaise gouvernance. Certes des annonces sont faites, des institutions mise en place, mais rien de concret pour clairement indiquer une ferme volonté politique. La jeunesse est aux aguets et n’importe quel aventurier talentueux peut s’infiltrer dans cette brèche et les mobiliser. Alors, il faut éviter les mêmes erreurs que les régimes précédents, ne pas comprendre la réalité de la société et se faire surprendre par la rue.

Fonds Régional d’Aménagement Rural

FRAR ! Ce sont quatre lettres qui ont une signification importante pour une tranche de la population : celle qui a connu le régime du Présid...