Les frondeurs du PDCI sont-ils les vrais gardiens du temple PDCI-RDA?

Le philosophe et politicien Français Roger Garaudy a écrit dans son livre « biographie du XXème siècle », citant Jean Jaurès,

« que rester fidèle, c'est transmettre du foyer des ancêtres, non la cendre, mais la flamme, et que c'est en allant vers la mer qu'un fleuve est fidèle à sa source ».

Tous ceux qui se réclament de l'Houphouetisme devraient méditer cette pensée. Au moment de la disparition du président Houphouet Boigny en 1993, le pays était géré par quatre personnalités qui incarnaient les institutions dont elles avaient la charge ;

  • Henri Konan Bédié, président de l'assemblée nationale, successeur constitutionnel à la présidence de la République
  • Allassane Dramane Ouattara, premier Ministre assurant l'intérim de la présidence lors de la longue indisponibilité pour cause de maladie du président
  • Laurent Dona Fologo, secrétaire Général du PDCI-RDA, parti unique de fait
  • Général Guei Robert, chef d'état-major des Forces Armées Nationales de Cote d'Ivoire

Ces personnalités se sont battues pour récupérer l'héritage du chef. Pour paraphraser cette récitation apprise à l'école primaire « pour un âne volé, deux voleurs se battaient ;….. arrive un troisième larron qui saisit maitre Aliboron » . je dirait que pour un pouvoir vacant, deux héritiers se battaient; et arrive un troisième larron qui se saisit du fauteuil présidentiel et s'assied là-dessus fermement ». Aujourd'hui, plus de 20 ans après, de nouveaux héritiers apparaissent et se présentent comme les vrais gardiens du temple, ceux à qui il incombe de protéger la maison sacrée; ainsi, des voix s'élèvent pour placarder l'actuel président du PDCI en l’accusant de haute trahison, suite à ce que les médias ont pompeusement baptisé « l'appel de Daoukro » dans lequel celui-ci demande à son parti de soutenir une candidature unique RHDP à la prochaine élection présidentielle.

Hors du sérail des partis politiques, quand j'analyse toute cette frénésie (probablement plus médiatique que réelle), je vois toute la laideur et l'hypocrisie de la politique. Les politiciens ne défendent que leurs intérêts personnels ponctués par de gros égos et des ambitions parfois démesurées. Dans ce tohu-bohu, je me suis posé la question de savoir ce que voudrait dire être Houphouetiste ?

En effet, que devrait dire être Houphouetiste ? A mon sens, c'est adhérer à «la chanson d'Houphouet », à savoir la paix, celle d'abord entre les frères et sœurs. Houphouet disait qu'il est « possible de corriger une injustice, mais pas un désordre ». Qui sont ceux qui semblent suivre mieux cette philosophie entre les pros et les anti appels de Daoukro ? Le président ajoutait aussi que la politique est la vraie appréciation de la réalité. Force est de constater que cette réalité dans la Côte d'Ivoire d’aujourd’hui, c’est d’abord l’ordre après cette décennie perdue qui l’a laissé dans un état de convalescence avancée nécessitant des soins appropriés. Par conséquent, toute la lutte politique devrait viser en premier l’avènement d’une Côte d’Ivoire dotée de barrières contre le retour du désordre. Et pour cela il faut un minimum de compromis entre les acteurs politiques pour créer un environnement de paix et de calme politique préalable à tout développement socio-économique. Bien sûr, ordre ne veut pas dire dictature.

Houphouet s'était fait une vocation à réconcilier ceux qui s'étaient divisés. Après les querelles qui ont entraîné le départ de plusieurs des militants du PDCI-RDA après sa mort pour créer d'autres partis, être Houphouetiste aujourd'hui et continuer l’œuvre, ce serait d'abord de ramener les fils partis vers d'autres cieux vers l'idéal commun. Cela permettrait de mettre ensemble leurs forces intellectuelles et financières pour continuer l’oeuvre de construction de la Côte d’Ivoire. En conséquence, ceux qui jettent l'opprobre sur Bédié devraient avoir pour ambition principale de faire du RHDP l'outil qui poursuit le combat entamé par Houphouet. Le nom que porte un outil n'est pas le plus important, c'est ce qu'on fait avec qui est primordial. Bédié et Ouattara ont su et pu enterrer leur hache de guerre, enterrer ce passé pas si lointain qui a fait basculer la Côte d'Ivoire dans le chaos, pour oeuvrer ensemble avec un seul objectif (c'est ce que je crois): permettre à la Côte d'Ivoire d'aller de l'avant. Pour cette raison, je pense qu’ils sont plus fidèles aux idéaux d'Houphoeut Boigny que tous ceux qui s'activent actuellement en prétendant défendre l'héritage du fondateur du PDCI-RDA.

Si ceux qui se présentent comme les « gardiens du temple PDCI-RDA » veulent le faire pour respecter l'héritage d'Houphouet, s'ils le font sincèrement, leur première tâche devrait être de travailler à réunifier la famille et y ramener la paix et l’ordre. Cela leur commande de faire revenir tous ceux qui l'ont abandonné : à savoir les quatre acteurs et leurs fidèles. Si cela nécessite de changer le nom du PDCI-RDA pour continuer l'oeuvre, pourquoi ne pas le faire, ce sera simplement l'affirmation de sa continuation, l’abandon de soi pour le bien commun. Oui, quand un père lègue un champ, on ne se contente pas d’en récolter les fruits, on peut le moderniser, l'étendre ; bref, l'adapter aux conditions de son époque. Etre Houphouetiste, c'est avant tout rester fidèle aux principes et aux objectifs du président Houphouet à savoir : la paix dans l'unité et la fraternité. Je crois que le nom que porte un parti politique n’est pas une fin en soi. Ceux qui veulent défendre le nom PDCI comme un objectif manquent l’essentiel. A quoi sert le PDCI ? C’est cela l’important. Le maintenir en l’état répond-il aux exigences de l’heure ? Telle devrait être la question à laquelle les Houphouetistes devraient répondre. De l’extérieur de la famille Houphouetiste, il me semble que la meilleure voie pour renouer avec les idéaux de 1946, date de la création du PDCI, devrait être de rebaptiser le PDCI-RDA pour l’adapter aux contingences de l’heure; une bonne idée serait simplement d’insérer le nom Houphouet dans la nouvelle dénomination, ceci permettrait non seulement d'immortaliser et continuer son œuvre, mais aussi de ramener dans la maison commune tous les fils et filles pour le bonheur d’une Côte d’Ivoire apaisée.

Par Abahebou Kamagate

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